lundi 15 novembre 2021

Paris Match n° 3678 octobre 2019

« La boussole magique », de Paul McCartney, illustrée par Kathryn Durst, éd. Michel Lafon


« DANS MA VIE, JE N'AI JAMAIS TRAVAILLÉ, JE N'AI FAIT QUE JOUER ! » PAUL MCCARTNEY

Il est toujours là où on ne l'attend pas. En tournée, bien sûr, au moins trois mois par an, en studio, puisque son dernier album, « Egypt Station », est sorti l'an passé. A Broadway bientôt, puisqu'il travaille sur une comédie musicale. Et, en ce moment, dans les rayons « livres pour enfants ». Paul MCCARTNEY signe en effet « Hey Grandude ! », un conte pour kids, traduit malheureusement en français par « La boussole magique », racontant l'histoire d'un grand-père qui fait voyager ses petits-enfants dans des mondes extraordinaires. L'homme est de plus en plus rare, mais a décidé néanmoins de nous parler de ce projet à part. Avec la consigne de ne pas parler des Beatles. Mais ça, c'est une autre aventure…

Paris Match : Qu'est-ce qui vous a donné l'envie d'écrire un livre pour enfants ?

Paul McCartney : L'un de mes petits-enfants m'a un jour surnommé “Grandude”, alors que normalement ils m'appellent tous grand-père. Ça m'a beaucoup plu. [Il rit.] Et ça m'a donné l'idée d'écrire quelques histoires pour eux.

Votre Grandude les trimballe dans des aventures extraordinaires. C'est votre propre histoire qui vous a inspiré ?

[Il rit.] Non, je ne me suis jamais battu avec des requins. Je fais des choses bien plus simples avec eux. J'ai un petit bateau de 16 pieds dans les Hamptons et, dès que je peux, on sort en mer tous ensemble. Bon, cela dit, j'ai huit petits-enfants, donc je ne les prends pas tous à la fois. Ils aiment bien traîner à l'arrière, plonger quand ils le peuvent. On pêche aussi parfois. Rien de comparable à ce que fait Grandude…

Vous avez du temps pour eux ?

J'ai toujours tenu à passer des vacances en famille malgré mon emploi du temps. Alors, au mois d'août et la semaine qui suit Noël, je les réunis avec leurs parents pour que nous soyons tous ensemble. Mais surtout Nancy et moi aimons bien aller les chercher à l'école quand nous sommes en Angleterre. Nous les emmenons manger une glace, comme des grands-parents normaux. Enfin, je devrais plutôt dire qu'ils nous emmènent manger une glace. [Il rit.]

C'est important pour vous d'arriver encore à mener une vie normale ?

Oui, ça l'a toujours été. C'est un peu plus simple avec mes petits-enfants qu'avec mes enfants…

Ecrire un livre pour enfants, est-ce différent d'écrire une chanson ?

Il n'y a pas besoin de chercher des rimes, donc c'est un peu plus facile. Et, pour être honnête, j'ai eu la chance d'être très bien entouré pour ce récit. J'ai rédigé un premier jet et ensuite mon éditeur m'a beaucoup aidé. Nous avons décidé qu'il fallait écrire un livre que les parents et les grands-parents puissent lire aux enfants au moment d'aller au lit. En une seule fois. Que ces derniers puissent entendre la totalité de l'histoire plutôt que d'attendre la suite. Mon récit initial était plus long et nous l'avons réduit dans ce but.

Vous avez souffert des histoires trop longues que vous racontaient vos parents le soir ?

C'est ce qui est drôle dans ce projet. Mes parents ne m'ont jamais vraiment lu d'histoires, ils venaient de la “working class” et la lecture n'était pas leur truc. Mon père passait sa vie à écouter la radio. Il avait conservé un casque de la Royal Air Force et avait bricolé un système pour que, dans la chambre que je partageais avec mon frère, nous puissions entendre la radio. Nous nous endormions au son des programmes qu'il écoutait. Et, au bout d'une demi-heure, il éteignait l'appareil. La seule chose qu'il n'avait pas réalisée, c'est que son bricolage nous permettait aussi d'entendre ce qu'il se passait dans le salon, une fois que la radio était coupée. Et s'il arrivait à mes parents de parler de nous, nous entendions tout ! [Il rit.] Cela dit, on sortait de la guerre et la tradition de la lecture auprès des enfants n'était pas très développée.

Du coup, vous avez souhaité lire des histoires aux vôtres ?

Oui, dès que je le pouvais. J'ai même instauré ça comme un rituel, ça me plaisait. J'ai toujours aimé leur lire des livres qui les fatiguaient. Des histoires courtes qui ne traînent pas. Et qui se terminent par l'endormissement.

C'est dans ces moments-là que vous avez pu être un vrai père et non Paul McCartney le musicien ?

J'ai toujours aimé les deux. C'est formidable de pouvoir élever des enfants jeunes quand vous vivez des moments extraordinaires dans votre carrière. Je leur lisais surtout “The Lion, the Witch and the Wardrobe”, ils adoraient.

Et vous, quelle place a eu la lecture dans votre vie ?

L'une de mes tantes m'achetait toujours des livres. Un jour, elle m'a offert “L'île au trésor” de Robert Louis Stevenson. Ce fut un choc majeur. J'ai aussi beaucoup aimé le magazine “The Boy's Own Paper”, très important pour les gosses de ma génération en Angleterre. Durant la carrière des Beatles, je ne lisais quasiment que les hebdomadaires musicaux. Puis, quand j'ai été moins occupé, j'ai commencé à m'intéresser aux biographies historiques. Mais un bon livre pour moi est celu qui va m'endormir. J'ai besoin d'en avoir toujours un à côté de mon lit. En ce moment, je m'endors sur une biographie de Churchill, preuve que ce doit être un très bon ouvrage… [Il rit.]

Vous avez souvent dit que vous ne vouliez pas écrire votre autobiographie. Que vous ne prendriez pas le temps de le faire. Pourquoi ?

Parce que je n'en ai toujours pas le temps ! Et il y a tellement de gens qui ont écrit sur moi, que pourrais-je ajouter de plus ? Des choses insignifiantes sur mon enfance, sur l'école, sur la manière dont je voyais le monde ? Prendre le temps de raconter tout ça alors que tout le reste est public n'est pas vraiment dans mes priorités.

Lisez-vous les livres qui vous sont consacrés ?

Je les parcours, oui, mais ils comportent tellement d'erreurs… Même les plus “recommandés”. Récemment, j'en lisais un évoquant une anecdote qui s'est déroulée à Nashville. L'auteur écrit que ma fille Stella est passée au travers d'une vitre. Pour avoir vécu l'histoire, je sais qu'il ne s'agissait pas de Stella mais de Mary. Que dois-je faire ? Publier un communiqué à chaque fois que je tombe sur ce genre d'erreurs ? Je ne peux pas passer ma vie à les corriger, il y a tellement d'histoires sur moi…

Si vous pouviez utiliser la boussole magique du héros de votre livre, où iriez-vous ?

En ce moment, ce serait en Jamaïque. J'y suis déjà allé, mais j'y retournerais avec plaisir car c'est l'automne en Angleterre. L'été indien là-bas est très appréciable. Mais j'ai la chance par mon travail de pouvoir aller un peu n'importe où dans le monde. Il y a quand même peu d'endroits que je n'ai pas visités.


« PLUTÔT QUE D'ENVOYER DES SMS, JE PRÉFÈRE APPELER LES GENS… MAIS PLUS PERSONNE NE RÉPOND ! » PAUL MCCARTNEY

Le livre rappelle aussi qu'il est bon de se parler, de se raconter des histoires ensemble plutôt que de vivre chacun dans son coin derrière un écran.

Oh oui ! Avec les réseaux sociaux, Internet et les jeux vidéo, on s'isole de plus en plus. Moi, plutôt que d'envoyer des SMS, je préfère appeler les gens. Mais plus personne ne répond ! Les e-mails et les SMS prêtent toujours à confusion. Quand vous parlez directement aux gens, les choses sont quand même un peu plus simples.

Avez-vous peur des réseaux sociaux ?

Non ! Il y a toujours quelque chose dans le monde qui fait peur, que les gens n'apprécient pas. J'utilise les réseaux sociaux avec modération. J'ai un ordinateur, un téléphone portable ainsi que quelques applis pour la musique, mais je ne m'en sers que pour leurs fonctions basiques. J'ai toujours eu des équipes pour m'aider dans ces domaines car je suis tout sauf un technicien. En cela aussi, je suis un privilégié. Si vous me demandiez de réparer votre téléphone portable, j'en serais incapable. Ou alors je le confierais à mes petits-enfants.

Vous avez sorti un album l'an passé, puis vous êtes parti en tournée. Là, vous publiez un livre. Qu'est-ce qui vous pousse à travailler autant ?

Mais je n'ai pas l'impression de travailler ! Je ne travaille pas la musique, je joue de la musique, je joue de mon instrument. Cet élément de jeu est très important dans ma vie. Oui, j'aime écrire des chansons, les enregistrer, mais c'est un hobby. “Egypt Station”, mon dernier album, m'a demandé des efforts, mais c'était avant tout un plaisir d'être en studio.

Voyez-vous encore quelque chose de magique dans la création ?

Oh oui ! Et je me pince pour y croire. Quand j'ai quitté l'école, je ne savais pas du tout ce que j'allais faire, comme la plupart de mes contemporains. Puis j'ai rejoint ce groupe en pensant que ça ne durerait pas très longtemps et qu'ensuite je devrais trouver un vrai travail. Mais c'est devenu ce que c'est devenu. Et la semaine dernière en Angleterre, “Abbey Road” était de nouveau numéro un des ventes… C'est plus fort que jamais. J'ai la chance que ce soit encore ma vie.

Aimez-vous la solitude ? Arrivez-vous à vous déconnecter de votre vie d'artiste ?

Quand je veux écrire, j'ai besoin d'être seul, dans une pièce où personne ne m'écoute, où je peux faire mes erreurs en privé. Je me sens bien dans ces moments-là. Ma vie en Amérique avec Nancy est assez paisible, je prépare le dîner, on ouvre un bon vin. Et puis la musique reprend le dessus, les idées arrivent, les concerts se profilent. Et ça m'excite encore.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Sur une comédie musicale ! C'est quelque chose que je n'ai jamais fait. Donc voilà un nouveau terrain à défricher. J'ai la chance de pouvoir attendre le moment où je sentirai que je suis prêt, même si j'ai passé l'après-midi en studio à travailler dessus. Si tout va bien, la première aura lieu à la fin de l'année prochaine. Mais je ne suis sûr de rien pour l'instant. Ce n'est pas maintenant que je vais céder à la pression…

 Interview Benjamin Locoge

« La boussole magique », de Paul McCartney, illustrée par Kathryn Durst, éd. Michel Lafon, 13,95 € 



samedi 13 novembre 2021

Paulo déraille !!!

 


Ouille, ouille, ouille ! Le Paulo se perd dans les dates ou perd la mémoire, dans l'excellent documentaire 3, 2, 1 McCartney, une discussion entre lui et le producteur Rick Rubin, il dit avoir écouter avec John l'album contenant "Here, There & Everywhere" alors qu'ils étaient en Autriche pour le tournage de "Help!" ?!!  Sauf erreur de ma part ce titre se trouve sur l'album "Revolver" paru en août 1966 alors que les Beatles étaient en Autriche en mars 1965.

Je n'ai pas tout vérifié dans ce qu'il raconte, mais il me semble qu'il contredit pas mal d'écrits concernant qui joue quoi sur certains titres évoqués dans ce documentaire.

79 ans on lui pardonne.

Patrick.