mardi 28 septembre 2021

Télérama septembre 2021

 Sur Disney+, “McCartney 3,2,1” : le génie pop des Beatles en grande conversation

McCartney 3,2,1 : Paul McCartney et le producteur Rick Rubin explorent le catalogue de l’ancien Beatles. 

 Une série documentaire réunit Paul McCartney et le producteur Rick Rubin autour de l’œuvre immense de l’ex-Beatles. Une énergie complice, à voir sur la plateforme Disney+.


En 1961, Paul McCartney n’a pas 20 ans. Il est le bassiste d’un petit groupe de rock’n’roll anglais en phase d’apprentissage : The Beatles, machine à enchaîner les sets dans les clubs de Liverpool et de Hambourg. Les photos le montrent, visage poupin, cuir en seconde peau et cheveux gominés, avec l’air d’avoir la niaque et quelques idées. En 2021, Paul McCartney n’a plus 20 ans ni grand-chose à prouver. Le voilà à l’honneur de cette série documentaire en six épisodes, avec le même allant de jeune homme, commentateur sur ressort et auditeur amusé face à des chansons qu’il connaît mieux que personne, pour les avoir offertes au monde.

Pendant près de trois heures, McCartney 3,2,1 fait dialoguer l’ex-Beatle avec le producteur américain Rick Rubin – à qui l’on doit l’incubation du hip-hop 80’s sur son label Def Jam ou le fait d’avoir su saisir les toutes dernières lueurs de Johnny Cash dans une série de cinq albums écorchés. Une conversation au-dessus de la table de mixage où Rubin, en fan trop heureux de toucher du doigt la magie McCartney, questionne le maître en désossant piste par piste quelques-uns des titres qu’il a écrits ou contribué à façonner, enregistrés pour l’essentiel avec les « Fab Four », mais aussi avec ses Wings (le groupe qui servit de véhicule à ses élans romantico-rustiques et à ses envies de stade dans les seventies) ou en solitaire.


McCartney 3,2,1, : une mise en scène toute en sobriété qui laisse place à la parole de ces deux musiciens exceptionnels. 

 Entre les deux bêtes de studio, priorité est faite à la musique et à ses secrets de fabrication. Toutes les bandes qui passent sur la console donnent matière à bavardages, sur la maîtrise technique approximative des quatre garçons quand le larsen final de Penny Lane retentit ou appuyés par une démo en live, lorsque Eleanor Rigby intime à McCartney de s’installer au Fender Rhodes pour jouer l’ébauche sur laquelle George Martin broda ses fameux arrangements de cordes tout en staccatos. On voit aussi les deux artistes faire les yeux ronds devant une partie de guitare oubliée, surgie des profondeurs de Maybe I’m Amazed, ou encore fascinés à chaque fois qu’une ligne de basse audacieuse semble ouvrir une chanson dans la chanson.

L’apparente simplicité de la mise en scène – deux hommes dans leur élément, indifférents aux caméras qui leur tournent autour, leur tête-à-tête filmé dans un noir et blanc hors d’âge – a l’avantage de faire baisser un minimum sa garde à Sir Paul, d’ordinaire champion des témoignages où rien ne dépasse sinon quelques tics un peu artificiels. « J’imposais souvent [ma vision]. Et ils me détestaient pour ça », lâche-t-il sur le ton de la blague, en écho à sa réputation de petit chef au crépuscule des Beatles. Une poussée de malice qui s’accompagne aussi de regrets et d’erreurs confessés, dans l’exécution instrumentale comme sur les choix esthétiques. Rien qui puisse, a priori, lui ravir le titre officieux de plus grand songwriter pop de sa génération. Lui qui, rappelle-t-il à propos de ses débuts, s’imaginait plutôt « durer cinq ans puis retourner à l’usine ».

 

Au fil de McCartney 3, 2, 1, entre deux dialogues sur une ligne de basse ou un arrangement de cordes, Paul McCartney évoque aussi quelques erreurs et regrets.

Jérémy Pellet
Publié le 05/09/21