Il y a 50 ans, le plus grand groupe de tous les temps se
séparait. Pour cet anniversaire, nous sommes revenus sur leur œuvre colossal et
intemporel. Par Florent Barraco, Thomas Bourgeois-Muller et Thomas Mahler
Publié le 09/04/2020
« Get back. » Nous
vous avions laissé sur un classement survolté (Claude François…), nous voici de
retour. L'histoire – la grande, celle de la pop – nous a rappelés. Il y a cinquante
ans jour pour jour, le 10 avril 1970, Paul McCartney faisait parvenir un
communiqué de presse annonçant la fin des Beatles. Le groupe qui avait connu
une décennie étourdissante – mêlant succès populaire, tubes interplanétaires,
innovations spectaculaires – fermait boutique, miné par une guerre d'ego et des
chemins qui divergeaient. Cinquante ans après en écoutant, en notant et en
classant leurs chansons, force est de constater que la magie Beatles opère
toujours.
Les mélodies insouciantes du début apportent un air frais
dans notre vie désormais confinée. Comment ne pas être transporté de bonheur
avec « Love Me Do », « Can't Buy Me Love », « From Me to You » ? Les chansons
plus matures de Rubber Soul ou Revolver annoncent un changement de cap, prouvant
que ce groupe demeure sans cesse en mouvement. Le chef-d'œuvre Sgt. Pepper's,
que l'on connaît par cœur, continue de faire son petit effet. Le double album
immaculé, qui marque le début de la fin, garde sa densité incroyable, porté par
des innovations et des coups de génie. Abbey Road et Let it Be, les deux chants
du cygne, restent des pépites que l'on continue de dévorer. Sans parler des
singles ou des musiques de film. On est moins fan, en revanche, des reprises et
des inédits publiés dans l'horrible Anthology.
Lien entre générations
Les Beatles furent cette alchimie magique entre deux hommes
géniaux qui se sont successivement aimés, aidés, admirés, challengés, éloignés,
détestés, dénigrés. Lennon-McCartney reste à ce jour la signature la plus
prolifique de l'histoire de la musique. Ajoutez à ce duo : un garçon timide,
mais talentueux, George, qui tente – et réussit – à se faire une place entre
ses deux géants ; un batteur sympathique, rigolo et talentueux ; un producteur,
George Martin, à l'écoute et innovant ; et un climat musical concurrentiel avec
les Beach Boys, les Rolling Stones, les Who ou les Kinks. Mélangez le tout et
vous obtenez un cocktail détonnant. Un critique musical anglais a même osé,
dans le très sérieux Times, la comparaison avec Mahler (Gustav !). En huit ans,
le groupe va produire quelque 238 chansons – il se peut qu'on en ait oublié –,
révolutionner les techniques d'enregistrement et vendre plus de 500 millions
d'albums. Se replonger dans l'histoire des Beatles, c'est aussi se souvenir
d'une jeunesse assoiffée de liberté et nourrie d'espoir (et de drogues) qui
prend le pouvoir culturellement.
La force de ce groupe est enfin d'être l'un des derniers
ciments entre plusieurs générations : les soixante-huitards ont grandi et vécu
avec les quatre garçons dans le vent et ont transmis pour la plupart le virus
(le bon celui-là) des Beatles. Nous pouvons l'affirmer : tout humain connaît au
moins une chanson de ces talentueux scarabées.
Avec un petit nouveau, nous avons repris notre travail d'archivistes.
Chaque chanson a été écoutée par un trio d'experts (nous, donc !), notée et
classée. Un commentaire accompagne chacun des titres. Pas question cependant de
repartir pour une série de classements – nous avons déjà assez fait de mal
comme ça. « Hello, Goodbye », chacun partant comme nos Beatles vers des
aventures différentes. « Let It Be. »
LE CLASSEMENT
238. Revolution 9
(1968)
Nous ouvrons ce classement sur un grand n'importe quoi. John
Lennon et la maléfique Yoko Ono signent un collage de pastilles sonores mêlant
bruits de rue, brouhaha de la foule et cris primaires. Le tout avec un gimmick
« Number nine ». Pour nous, c'est « nein ». On se croirait dans une secte :
Revolution 9. Faire du 9 avec du vieux, soit, mais autant que ce soit écoutable.
Paul McCartney avec son flegme habituel se contentera d'un « pas mal » quand le
couple lui présenta ce « machin ». Le double Album blanc, un des chefs-d'œuvre
de la musique pop, méritait meilleure fin – « Good Night » relève le niveau. «
You say you want a revolution. » Pas celle-là en tout cas.
237. Carnival of
Light (1967)
Une improvisation expérimentale de quatorze minutes, avec
toux et gargarisme, enregistrée pendant les sessions de Sgt. Pepper's. Désireux
de faire savoir que c'était lui le plus avant-gardiste et cool (et non pas
Lennon), McCartney tenta d'incorporer cet inédit dans Anthology, mais Harrison
s'y opposa fermement. Attention, la version que l'on retrouve sur YouTube est
fausse, car seul McCartney possède les bandes. Mais même un morceau bidon vaut
mieux que « Revolution 9 » !
236. Besame Mucho
(1962)
Pour la plupart des reprises commises par les Beatles,
préférez l'originale. Et puisqu'un classement de ce type se doit d'être
d'iconoclaste : nous osons le dire, Dalida surpasse les Beatles avec sa version
mi-samba, mi-disco. Bravo, Orlando !
235. Christmas Time
(Is Here Again) (1967)
Comme chez beaucoup d'artistes anglo-saxons, interpréter des
chansons de Noël est un rite obligé. Très répétitive, cette version nous
irrite. Préférez dans le même genre des chansons de Noël – un peu plus clivante
– le « Happy Xmas (War is Over) » de Lennon, version solo.
234. Act Naturally
(1965)
On se croirait à la fête annuelle du maïs au Kansas…
P.S. Comme « Her Majesty », un titre caché dans Abbey Road,
nous avons planqué la critique d'une chanson non classée. Un indice, ça parle
de Kansas…
233. Los Paranoias
(1968)
Un « jam » à trois (Harrison n'était pas présent) initié par
McCartney durant les sessions du Double blanc. Cette blague dure 3 minutes 48,
mais a été coupée à moins d'une minute en étant publiée sur Anthology 3.
Étrangement, personne n'a crié à la censure. Jam pas.
232. Hello Little
Girl (1995)
Hello, goodbye.
231. You Know My Name
(Look Up the Number)
« You want to see my face ! You want to know my name ! I'm
the devil ! Ah ! Ah ! Ah ! »
230. Baby's in Black
(1964)
Présente dans Beatles for Sale, cette chanson fait rimer «
black » avec « come-back ». Mais le tout est patraque.
229. Searchin' (1995)
Un titre présent dans Anthology. On s'ennuie et on cherche
le bouton pause pour arrêter cette mauvaise reprise des Coasters.
228. Watching
Rainbows (1969)
Cette chanson enregistrée lors des sessions Get Back n'a pas
été retenue. On comprend pourquoi. Insipide. Sur la thématique météo, préférez
« Here Comes the Sun ».
227. September in the
Rain (1962)
« September in the Rain » ? « I'll follow the sun. »
226. Dig It (1970)
Un bref extrait d'une session d'improvisation autour du «
Like a Rolling Stone » de Dylan, où Lennon cite le FBI, la CIA, la BBC et
l'entraîneur Matt Busby, avant de finir sur une voix de fausset. Si vous voulez
faire prendre conscience à vos enfants des ravages de la drogue, faites-leur
écouter ça (promis, ça ne dure que 50 secondes).
225. Take Good Care
of My Baby (1962)
En écoutant toutes ces reprises, on comprend mieux pourquoi
les Beatles ont eu tant de mal à convaincre les maisons de disques.
Heureusement, grâce à l'abnégation de Brian Epstein, leur agent/mentor, et
l'arrivée de George Martin, leur destin va totalement basculer.
224. Cry for a Shadow
(1963)
Un instrumental signé par George et John, la première et
unique fois. Il valait mieux que ça s'arrête.
223. Little Child
(1963)
Lors de la sortie de With the Beatles, leur deuxième album,
les quatre garçons ont le vent dans le dos. Portés par toute une génération qui
rêve de liberté, Lennon, McCartney, Harrison et Ringo enchaînent avec un
deuxième album consistant, soutenu par deux bijoux « All my Loving » et « Hold
me Tight ». « Little Child » – rien à voir avec l'œuvre de Gabriel Matzneff –
sera écrite à la va-vite pour remplir l'album. Ça se sent.
222. Lend Me Your
Comb (1995)
Une nouvelle reprise présente dans Anthology dont on aurait
pu se passer.
221. The Sheik of
Araby (1995)
Alors, oui, la séparation des Beatles en 1970 fut ressentie
comme une tragédie. Oui, après avoir écouté 25 fois Abbey Road ou Sgt.
Pepper's, on peut ressentir un manque. Mais ce n'est pas pour ça qu'il était
indispensable en 1995 de racler les fonds de tiroir. Cette chanson, comme la
plupart des inédits de Anthology, n'a aucun intérêt.
220. Step Inside Love
(1996)
Enregistré en 1968 lors des sessions de l'album blanc, ce
titre de McCartney a été offert à Cilla Black (très bonne version d'ailleurs)
avant que la démo ne soit intégrée à Anthology en 1996.
219. Boys (1963)
On n'a pas beaucoup de choses à raconter sur cette chanson
qui ressemble comme deux gouttes d'eau à « What'd I Say » de Ray Charles («
Est-ce que tu le sais » par Dick Rivers, pour les plus franchouillards). Du
coup, brève histoire de nos « Boys in the Wind ». Lennon, McCartney, Harrison
et Starr (Starkey de son vrai nom) vivent à Liverpool, une ville durement
touchée par la crise économique. Lennon et McCartney se rencontrent en juillet
1957 lors d'une kermesse. Les deux jeunes sympathisent et se lient d'amitié.
McCartney rejoint le groupe formé par Lennon, Les Quarry Men. Début 1958, c'est
George, ami de Paul, qui se retrouve dans ce groupe qui va compter jusqu'à sept
personnes. Les aléas de la vie et les inspirations musicales font qu'un noyau
dur se forme : Lennon, McCartney et Harrison. Les Quarry Men changent de nom :
Beatles (mélange de « Beat » pour rythme et « Beetles » scarabées). Avec Pete
Best, premier batteur du groupe, ils fréquentent les clubs, dont le Cavern, où
Brian Epstein, disquaire, les découvre et les prend sous son aile. En 1962,
Ringo remplace Best et les quatre garçons signent un premier contrat avec
George Martin. La grande aventure peut commencer.
218. My Bonnie (1995)
Il devrait y avoir une règle : ne jamais racler les fonds de
tiroir.
217. Love of the
Loved (1962)
Une chanson enregistrée lors de l'audition chez Decca. Les
Beatles croient tenir (enfin) leur premier contrat. Mais la sanction tombe :
c'est non, au motif que « la mode des groupes à guitares est passée ». Ça
s'appelle avoir du nez !
216. You Know What to
Do (1995)
L'une des premières chansons écrites par George Harrison en
1964. Rien de bien de transcendant (méditez !).
215. Bad Boy (1965)
Une reprise énergique de John. En 1965, les Beatles ne sont
pas encore de mauvais garçons.
214. The Inner Light
(1968)
Troisième (et dernière, ouf !) composition de Harrison
inspirée de la musique classique indienne, sortie en face B de Lady Madonna
alors que le quatuor s'initiait à la méditation transcendantale chez leur yogi.
On sait bien que George est désormais intouchable, mais l'abus de sitar caste
les oreilles.
213. Wild Honey Pie
(1968)
Une chanson un peu tarte.
212. It's Only Love
(1965)
Laissons John juger sa composition : « J'ai toujours pensé
que cette chanson était mal foutue, les paroles sont épouvantables. J'ai
toujours détesté cette chanson. »
211. A Taste of Honey
(1963)
Une reprise. Encore ratée.
210. If You've Got
Trouble (1996)
Une chanson dans Anthology. Encore ratée.
209. Devil in Her
Heart (1963)
Une énième reprise. Il faut bien percer.
208. Good Morning
Good Morning (1967)
Quoi ? Un titre de Sgt. Pepper's aussi mal classé ? Comment
est-ce possible ? John Lennon a qualifié cette chanson de « médiocre ». Ça
tombe bien, c'est lui qui l'a écrite.
207. All Together Now
(1969)
Un exercice pour vos enfants lors du confinement :
« A B C D Can I bring my friend to tea ? E F G H I J I love
you. »
N'oubliez pas de bien mettre cet exercice dans votre espace
numérique de travail.
P.S. Les supporteurs de football la chantent régulièrement.
Ou plutôt la chantaient. Merci le Covid-19.
206. Slow Down (1964)
Un rock énergique pour réclamer de ralentir.
205. Like Dreamers Do
(1995)
Encore un titre chanté lors de l'audition chez Decca. Chant
assez insupportable de Macca qui joue les chanteurs de charme. Une sorte de
Julio Iglesias de la Mersey.
204. Only a Northern
Song (1969)
Un fond de tiroir des sessions de Sgt. Pepper's, ressorti
pour l'album Yellow Submarine. Du Harrison dépressif, dissonant et
psychédélique, qui se plaint de sa place financière dans la société Northern
Songs Ltd. gérant les droits des chansons des Beatles. Derrière ses airs de
mystique taiseux, l'auteur de « Taxman »était près de ses sous.
203. Another Girl
(1965)
Une chanson de McCartney écrite lors de vacances en Tunisie
pour remplir les trous de Help !. Ces informations suffisent à expliquer la
position de cette chanson dans notre classement.
202. Everybody's
Trying to Be My Baby (1964)
Du sous-Elvis.
201. It's All Too
Much (1968)
Un titre hypnotisant, psychédélique, résultat d'un trip sous
LSD. On a connu Harrison plus inspiré.
200. Anna (Go to Him)
(1963)
Désolé Anna, on préfère « Michelle ».
199. She's a Woman
(1964)
Treize ans après cette chanson, Billy Joel, qu'on aime
beaucoup, dira, malgré le temps qui passe : « She's always a woman to me. »
198. Not a Second
Time (1963)
Après la première écoute, on se dit « not a second time ».
197. I Should Have
Known Better (1964)
Rien à sauver, sauf peut-être l'harmonica.
196. Ain't She Sweet
(1995)
Nous demandons officiellement à ce que soient retirés des
sites de streaming – même sur celui d'Apple – les inédits d'Anthology.
195. Good Night
(1968)
À l'oreille, on penserait que c'est une mélodie mccartienne.
Pourtant, c'est bien Lennon qui signe à la fin du double album cette comptine.
John chantant une bluette ? Quelle hérésie. Il confiera le chant au gentil
Ringo. Mais le mal est fait : le rebelle a aussi un cœur.
194. That Means a Lot
(196)
Comme l'a dit la philosophe France Gall : « C'est peut-être
un détail pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup. »
193. I Call Your Name
(1964)
Un petit rock sans grande prétention de John.
192. How Do You Do It
? (1995)
Une reprise de Gerry and the Pacemakers. Sauf que, là,
l'électrocardiogramme est plat.
191. Three Cool Cats
(1995)
Une reprise des Coasters. Préférez celle de Richard Anthony
(« Nouvelle vague »). Si, si…
190. Don't Pass Me By
(1968)
Mesdames et messieurs, voici la première composition
originale signée Richard Starkey, aka Ringo Starr, après six ans de dur labeur
(le batteur l'avait fait écouter au groupe peu après son arrivée). On passe
vite. Sa seconde tentative sera plus notoire (voir numéro 65).
189. And Your Bird
Can Sing (1966)
Une chanson psychédélique impossible à déchiffrer – le LSD
devait être bien présent lorsque John l'a composée. Toujours critique,
l'auteur-compositeur démontera sa création quelques années plus tard.
188. Matchbox (1964)
Chantée par Ringo, cette reprise n'est pas la moins ratée.
187. Thank You Girl
(1963)
Au début de leur carrière, sains de corps et d'esprit, les
Beatles vont beaucoup chanter les filles : soit pour déclarer leur amour, soit
pour raconter leur amour, soit pour regretter le départ de leur amour. On ne
fait pas une carrière là-dessus. Heureusement, la marijuana et le LSD vont
bousculer ce train-train un peu gnangnan.
186. Words of Love
(1964)
Une reprise sans grand intérêt.
185. Tell me Why
(1964)
Écrit par John Lennon, ce titre figure dans le film A Hard
Day's Night et ressemble, de l'aveu même de l'auteur, à la chanson d'un groupe
de filles noires de New York : plus The Supremes que Spice Girls.
184. Any Time at All
(1964)
Une belle pièce de rock par John qui, après deux ou trois
écoutes, est sous-notée dans notre classement.
183. The Palace of
the King of the Birds (1969)
Un instrumental de Macca écarté d'Abbey Road. Il le
reprendra avec son nouveau groupe les Wings. « The Palace of the King of the
Birds » chanté par les Wings, ça ne vole pas très haut, mais c'est assez
logique.
182. I'll Cry Instead
(1964)
Lennon s'interroge sur la création d'une chanson. Un titre
intéressant, mais on vous conseille la reprise live de Billy Joel.
181. Dizzy Miss Lizzy
(1965)
Une sorte de « Twist and Shout » du pauvre.
180. I'll Be on My
Way (1994)
Un travail plus appliqué – et un effort sur les arrangements
– aurait pu rendre cette chanson beaucoup plus agréable. Du potentiel.
179. I'll Get You
(1963)
Face B de « She Loves You », elle aurait mérité une
meilleure exposition. Et une meilleure place dans notre classement.
178. Flying (1967)
Depuis le début de leur carrière, les Beatles ont beaucoup
voyagé. Leur plus grande tournée est sans doute la tournée américaine qui
rencontre un immense succès, mais qui les laisse exsangues autant sur le plan
mental que physique. Ne pouvant plus exercer leur art sur scène – les cris des
fans couvrant leur voix –, nos amis décidèrent de se consacrer à la création en
studio. Pour le meilleur : ils vont bâtir un œuvre foisonnant, divers et
intemporel. Pour le pire : leur impresario, Brian Epstein, se sentant désormais
inutile, fut retrouvé mort après un abus de somnifères et de barbituriques.
Rien ne serait plus comme avant.
P.S. Cet instrumental est l'un des rares morceaux à être
signé par les quatre Beatles. Rareté ne veut pas toujours dire qualité…
177. I'll Be Back
(1964)
Non, ce classement marque « The End » de notre aventure.
176. Doctor Robert
(1966)
Dans la lignée de Rubber Soul, les Beatles continuent à
grandir et complexifient leur composition. Avec Revolver, ils montent d'un
cran. La maturité des musiques et des textes n'est pas uniquement due à l'âge
avançant, ils ont découvert « un breuvage spécial » : le LSD. Cette découverte
s'est faite par hasard : invités à dîner chez leur dentiste, John Riley, John
et George sont drogués à leur insu avec des morceaux de sucre imbibés de cette
drogue pas encore illégale. Un nouveau champ des possibles s'ouvre pour les
deux amis qui, après la surprise des débuts, vont retourner vers cet acide
magique, et demander à Robert Freymann, aka Dr. Robert, de leur fournir de la
marchandise. Ringo puis Paul y viendront un peu plus tard. Reste cet hommage à
ce docteur qui a sans doute changé le destin de la pop music.
175. What You're
Doing (1964)
Une petite chanson de Paul qui s'écoute sans déplaisir.
174. There's a Place
(1963)
John et Paul composent et chantent ensemble, sous influence
Motown. Connaissant les dissensions à venir, on ne peut qu'être nostalgique en
réécoutant cette évocation d'un lieu où se retrouver quand on est déprimé.
173. Maggie Mae
(1970)
Une courte chanson signée par les quatre membres des Beatles
et insérée dans Let it Be.
172. Love You To
(1966)
Passionné par l'Inde, George apporte l'influence de cette
culture au sein du groupe. Cette composition dans Revolver est l'une des
premières chansons pop à utiliser des instruments non occidentaux. Casque dans
les oreilles, on se croirait dans un ashram. Et on est à deux doigts de
s'évanouir.
171. Tell Me What You
See (1965)
Qu'est-ce que je vois ? Après les 3 minutes de « Love You To
», on voit des Bouddha un peu partout.
170. Yes It Is (1965)
Yes it is the hidden song ! Comme « Her Majesty », il y a
dans ce classement une chanson cachée. Vu que « Yes It Is » est une complainte
un peu ratée, nous allons vous parler de « Kansas City / Hey, hey, hey, hey »,
le medley composé de deux chansons de Little Richard. La voix de McCartney y
est merveilleuse.
169. When I Get Home
(1964)
Une chanson style Wilson Pickett. Motown un peu à l'eau…
168. I Don't Want to
Spoil the Party (1964)
En pleine Beatlemania, Lennon signe cette jolie chanson où
il exprime son mal-être. Pourquoi faire semblant d'être toujours heureux ?
167. 12-Bar Original
(1996)
Sortie seulement en 1996 dans l'album Anthology 2, vous
découvrirez (probablement) une ballade blues relativement inclassable, bien que
très plaisante !
166. You Can't Do
That (1964)
Un classement des Beatles ? You can't do that !
165. Ask me Why
(1963)
Demandez-moi pourquoi un classement des Beatles ? « Because.
»
164. You Like Me Too
Much (1964)
Thank you girl.
163. Blue Jay Way
(1967)
Tenté(e) par une petite balade en compagnie de George
Harrison, dans le brouillard, avec vue sur Los Angeles ? Étrange, n'est-ce pas
? Bienvenue à Hollywood, dans la rue nommée Blue Jay Way, un endroit
apparemment difficile à trouver où vous pouvez attendre longtemps que l'on vous
y retrouve… Une sacrée bizarrerie du Magical Mystery Tour, pas la plus grande
réussite de l'album, mais suffisamment enivrante pour l'apprécier.
162. For You Blue
(1970)
George déclare son amour à Pattie Boyd. Cette dernière
quittera le Beatle pour son meilleur ami : Eric Clapton. Il faudrait un jour
remercier Pattie qui a inspiré sans doute les plus belles chansons d'amour : «
Something » (plus grande chanson d'amour de l'histoire, selon Sinatra), la
sublime « Bell Bottom Blues » (Clapton suppliant un jour de plus avec elle) et
« Layla » (version rapide de Derek and The Dominos ou lente version Clapton
solo).
161. I'm Happy Just
to Dance with You (1964)
RAS.
160. No Reply (1964)
OK.
159. Mr. Moonlight
(1964)
Ne vaut que pour le cri inaugural de John.
158. The Continuing
Story of Bungalow Bill (1968)
Une comptine se moquant d'un camarade d'ashram parti chasser
le tigre, avant de subir les remontrances du Maharishi. La titre reste surtout
dans l'histoire pour être le seul des Beatles où un membre extérieur (Yoko Ono,
évidemment) apparaît en voix solo.
157. Leave My Kitten
Alone (1995)
L'une des meilleures reprises du groupe.
156. Good Day
Sunshine (1966)
McCartney à la manœuvre, aidé de Lennon, pour une chanson
s'inspirant ouvertement de « Daydream » de The Lovin' Spoonful. On vous
conseille l'original.
P.S. En parlant de The Lovin' Spoonful, ils ont également
composé un chef-d'œuvre : « Summer in the City ». Un titre qui est le générique
d'un très bon podcast du Point : « Chansons sur ma drôle de ville ».
155. One After 909
(1970)
Préférez la version nettoyée des abus de l'affreux Phil
Spector dans Let it Be… Naked, la vengeance de McCartney 33 ans après.
154. Long, Long, Long
(1968)
On confirme : le Double blanc, c'est parfois très long.
153. This Boy (1963)
On sent l'influence de Smokey Robinson dans ce titre composé
par Lennon. On se croirait dans un film de Martin Scorsese. L'un des meilleurs
titres des jeunes années.
152. Old Brown Shoe
(1969)
Deux membres du trio aiment beaucoup ce titre de Harrison,
le troisième un peu moins. Dommage.
151. Misery (1963)
La misère inspire. Coluche va consacrer une chanson
parodique intitulée « Misère ». L'occasion d'un petit hommage à Pierre
Bénichou, crédité sur la chanson de Coluche. « Pedro le roi du tango »
détestait les Beatles. « Vous connaissez des musiques plus mièvres que celles
de ces quatre connards ? »
150. I've Got a
Feeling (1970)
En voilà une trace indélébile du « rooftop concert » (leur
dernier) ! Issu de deux compositions, Lennon et McCartney allient leur voix et
produisent un mix rock'n'roll absolument mémorable et d'une énergie
spectaculaire. Comme pour « Accross the Universe », on ne peut que vous
conseiller d'écouter la version de l'album Let it Be… Naked sorti en 2003, sans
fioritures !
149. I Wanna Be Your
Man (1963)
Un temps « donnée » aux Rolling Stones, puis largement
adaptée pour que Ringo Starr puisse la chanter, on y trouve un rythme de rock
classique… très classique. Mais diablement efficace tant le morceau est
frénétique.
148. Dig a Pony
(1970)
Les paroles n'ont aucun sens. Improvisation de John Lennon.
147. Piggies (1968)
Harrison, qui a visiblement lu Orwell, tente une satire
porcine de l'élite sur fond de clavecin. Hélas, tout n'est pas bon dans ces
cochons. D'autant qu'en cette période de contre-culture, Charles Manson fera
une interprétation littérale de « tout ce dont ils ont besoin, c'est une bonne
raclée ». Après avoir assassiné trois personnes dans la villa de Roman
Polanski, dont sa femme Sharon Tate, les membres de la « Manson Family »
laisseront les mots « political piggy », « pig » and « death to pigs » sur les
murs avec le sang de leurs victimes.
146. Free as a Bird
(1995)
Fallait-il libérer ce drôle d'oiseau de sa cage ? Le plus
âgé d'entre nous se souvient de sa déception à l'écoute de cette démo de Lennon
(datant de 1977…) musclée post-mortem pour lancer en grande pompe Anthology.
Les deux autres, alors en culotte courte, sont bien plus indulgents.
P.S. Nous vous conseillons le clip qui s'amuse à multiplier
les références. Arriverez-vous à toutes les reconnaître ?
145. Yellow Submarine
(1966)
Composée pour Ringo, cette chanson plaira à un public
enfantin. Pour les adultes – et les mélomanes –, préférez l'autre face du
disque (pas de spoiler).
144. Glass Onion
(1968)
Lennon en plein délire nombriliste, parlant de champs de
fraises, de fou sur la colline, de morse ou de réparer un trou. Quand un groupe
s'autocite (en se croyant drôle), c'est souvent que la fin est proche.
143. Everybody's Got
Something to Hide Except Me and My Monkey (1968)
Chanson un peu fouillie, mais pas déplaisante. Le refrain
est même très sympathique. Lennon parle de lui et de sa compagne : «
Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey. » On se demande
comment Yoko, dont le sens de l'humour n'était pas la qualité première, a pris
la comparaison avec un singe…
142. Chains (1963)
Nouvelle reprise des Beatles. Pour ne pas dire trop de mal
de ce titre, nous vous invitons à écouter un chef-d'œuvre de pastiche. Todd
Rundgren (« Hello It's Me ») et son groupe Utopia vont dans Deface the Music
pasticher 13 chansons des Beatles – et s'attacher à couvrir tout le spectre
musical : des débuts insouciants aux titres plus psychédéliques. Un bijou.
P.S. Ici, la parodie est assumée, pas comme chez Tears for
Fears où l'inspiration est plus sournoise.
141. Baby It's You
(1963)
Si les Beatles vous manquent, nous vous proposons d'écouter
les chansons de Beatles non écrites par les Beatles, preuves de leur influence.
On en citera deux : « Telephone Line » d'Electric Light Orchestra (et aussi «
The Diary of Horace Wimp ») et « Love is all » de Roger Glover.
140. You're Going to
Lose That Girl (1965)
C'est ce qui a failli arriver à un membre du trio obsédé par
l'avancement du classement. La livraison de cette ultime œuvre a sauvé son
couple !
139. Why Don't We Do
It in the Road ? (1968)
L'acte sexuel animal vu par McCartney. C'est en revenant
d'Inde – donc la tête embrumée de substances toxiques – que Paul a eu l'idée de
créer et d'enregistrer ce rock qui tache. On espère qu'il ne pousse pas ses
cris pendant qu'il emmenait ses Lucy in the Sky…
138. Eight Days a
Week (1964)
Nous ne dénoncerons pas : mais la personne de notre trio qui
a osé mettre la note de 4 sur 30 à ce petit bijou énergique mérite de quitter
l'univers des classements de manière express !
137. Do You Want to
Know a Secret (1963)
Voulez-vous connaître un secret ? La personne qui a massacré
la note de la chanson précédente a récidivé sur ce titre gentillet.
136. Within You
Without You (1967)
À écouter après un épisode de Breaking Bad. Même si la
chanson ne parle pas de drogues, sa rythmique et son influence indienne nous
transportent en pleine rave party dans le Larzac. George Harrison, auteur du
titre, va initier ses compagnons à la musique de Ravi Shankar, à la méditation
transcendantale et, accessoirement, à la fumette. Cette chanson moraliste sur
l'égoïsme et le matérialisme tombe un peu à plat, malgré une mélodie pas
inintéressante, et gâche l'unité de Sgt. Pepper's. Et ouvre la voie aux délires
humanistes du brave George, qui s'affirmera pourtant comme un compositeur de
talent capable de rivaliser avec Lennon et McCartney.
135. P.S. I Love You
(1962)
Charmante bluette avec Macca en épistolier transi. Détail
amusant, le batteur est l'intérimaire Andy White, tandis que le nouveau venu
Ringo Starr doit se contenter des maracas.
134. I Want to Tell
You (1966)
Pendant des années, George a tenté de placer ses chansons
sur les albums des Beatles face aux deux géants. Cette chanson laisse entrevoir
de belles perspectives.
133. Yer Blues (1968)
« Quand j'écris I'm so lonely, I want to die/ Je suis si
seul, je veux mourir, dans “Yer Blues”, je suis sérieux. » Voilà sans doute la
chanson la plus sombre du White Album et de Lennon, un morceau mythique du rock
des 60's, tout droit tiré du génie de son compositeur, inépuisable,
inarrêtable. « C'était une sorte de rock grunge des sixties, du blues grunge »,
dira Ringo Starr, bien des années plus tard. Comment le dédire ! Vint alors en
1968, où un bref retour de Lennon sur scène, après deux ans d'absence des
Beatles – alors consacrés exclusivement aux enregistrements studio : la réunion
du fameux Dirty Mac avec cette interprétation absolument géniale de « Yer Blues
» interprétée par John Lennon, Eric Clapton, Keith Richards et Mitch Mitchell (le
batteur de Jimi Hendrix). Absolument mythique. À écouter ou voir au moins une
fois dans sa vie, pour comprendre l'influence et la trace de « Yer Blues » et
de la légende Lennon sur l'histoire du rock.
P.S. Aurez-vous compris que l'auteur de ces lignes est
totalement outré du classement de cette chanson ?
132. Real Love (1996)
Dernière chanson inédite de John Lennon placée dans
Anthology. C'est sans doute l'une des meilleures réussites de Jeff Lynne, qui,
avec les trois Beatles survivants, a permis à ces titres inachevés de revivre.
131. Every Little
Thing (1964)
Première chanson des Beatles avec des timbales introduites
par Ringo Starr. Titre sympathique.
130. Magical Mystery
Tour (1967)
Roll uuuuuup ! Comme l'introduction au fameux album Sgt.
Pepper's, l'invitation est faite au voyage, avec toute la bizarrerie que cela
comporte et la perplexité qu'il peut en résulter. Autant dire qu'il ne s'agit
pas du morceau le plus intéressant de l'album, et le passage est rapide vers la
pépite qui suit : « The Fool on the Hill ». Vite !
129. All I've Got to
Do (1963)
Bonne petite chanson de John Lennon qui marque sa différence
dans les paroles : si Macca se veut l'éternel optimiste, lui n'hésite pas à
marquer sa rancœur envers cette fille qui ne le rappelle jamais…
128. Love Me Do
(1962)
Le confinement dure, dure, dure. Et vos enfants doivent
suivre l'école à distance. Pour l'anglais, mettez cette chanson, alternez avec
« Hello, Goddbye » et répétez les gammes. À la fin du confinement, vous pourrez
visiter Liverpool sans aucun souci.
127. The Ballad of
John and Yoko (1969)
Récit de la lune de miel mouvementée et du « bed-in » des
tourtereaux activistes. Ringo et George sont absents (commentaire du guitariste
: « Si ça s'était appelé La ballade de John, George et Yoko, alors j'aurais
fait une apparition »), mais l'enregistrement est marqué par une surprenante et
émouvante complicité entre John et Paul, dont on sent qu'il veut tout faire
pour préserver les Beatles. Difficile aussi de ne pas sursauter à chaque fois
en écoutant cette prémonition lennonienne : « Si ça continue comme ça, ils vont
me crucifier. »
126. Long Tall Sally
(1964)
Une reprise fiévreuse par Paul d'un titre de Little Richard.
On se régale !
125. What Goes On
(1965)
Une composition country de Lennon améliorée par McCartney et
Ringo. À cette époque, tout va bien pour nos Beatles.
124. Baby You're a
Rich Man (1967)
Encore un titre sous influence indienne. Lennon écrit et
compose les couplets – pour hippies en mal de rébellion – et McCartney signe le
refrain énergique. Ça s'écoute.
P.S. En parlant de rich man, en 1969, Allen Klein devient le
manager des Beatles provoquant la colère de McCartney qui avait vu clair dans
le petit jeu de cet escroc affabulateur. Dès que des sous rentrent, Allen veille.
123. Money (That's
What I Want) (1963)
Encore une fois, le charme de la voix stridente de Lennon
opère à merveille pour cette autre reprise du début de l'ère Beatles. Un bon
morceau de rock'n'roll, où l'on peut crier, chanter, danser sur cette envie d'ordinaire
peu avouable…
122. You've Really
Got a Hold on Me (1963)
Ici une nouvelle reprise des Fab Four, d'un album des
Miracles intitulé (par anticipation ?) The Fabulous Miracles. Prémonitoire,
vous avez dit ? Une franche réussite : la liaison des voix de Lennon et
Harrison donne un liant incroyable au morceau et ne donne qu'une envie : les
accompagner, quitte à être ridicule évidemment…
121. Dear Prudence
(1968)
Composée en Inde, cette chanson s'inspire de Prudence
Farrow, la sœur de Mia, qui refuse de voir le jour, préférant méditer pendant
que John, Ringo et Paul s'amusaient, se droguaient ou composaient des chansons
(ce qui avait le don d'agacer George avec qui on ne blague pas quand il s'agit
de transcender !).
120. Cry Baby Cry
(1968)
Très belle comptine rock de John, composée elle aussi en
Inde.
119. The Night Before
(1965)
Cette chanson présente dans Help ! fut longtemps laissée
dans les cartons. Et Paul McCartney, qui est à l'initiative de ce titre
énergique, a eu la bonne idée de la mettre dans son tour de chant en 2011. «
The Night Before » raconte les regrets d'un homme éconduit par une femme qui se
souvient de la nuit passée. « It's been an hardest night »…
118. I've Just Seen a
Face (1965)
Paul compose une chanson country très rapide (on croirait
que la piste a été accélérée) et pas désagréable. L'accueil que lui réserve le
public lorsqu'il la chante sur scène prouve l'amour que lui portent les
puristes.
117. I'm Down (1964)
Après 121 chansons chroniquées, on n'est pas loin d'être
down…
116. Till There Was
You (1963)
Reprise très efficace d'un titre de Barbara Cook.
115. Lovely Rita
(1967)
Un membre du trio a osé surnoter ce titre, certes
sympathique, mais pas étourdissant. Sainte Rita, patronne des causes
désespérées, priez pour lui…
114. I'll Follow the
Sun (1964)
Enregistrée dans la maison familiale de McCartney en 1960,
cette ballade optimiste (pouvait-on en douter venant de Paul ?) s'écoute avec
plaisir.
113. Don't Bother Me
(1963)
Première œuvre de George dans un album des Beatles ! La
production sera rare, mais de qualité – sauf ses délires indiens.
112. Revolution 1
(1968)
Pour un tel appel à la révolution pacifique, sans doute «
Revolution 1 », plus lente et douce, est-elle la mieux adaptée ? Écartons
d'emblée la comparaison avec l'incompréhensible « Révolution 9 », mais
réalisons-la avec l'originale « Revolution ». La version « 1 » est plus lente,
moins rock'n'roll, moins saturée, mais avant tout plus « blues ». Est-on
vraiment obligé d'en préférer une ?
P.S. A-t-on vraiment déjà vu une révolution se faire – et
réussir – à coups de « choubidou-wa » ?
111. Paperback Writer
(1966)
Qui n'a jamais chantonné le tout début de ce titre,
interprété a cappella par McCartney, Lennon et Harrison ? Rien que pour ça,
probablement que cette chanson aurait mérité une meilleure place. Nous ne
dirons pas qui l'a (honteusement) sous-notée.
110. I'm So Tired
(1968)
Cri de détresse de John dont la tête va exploser à force de
méditer. Surtout, en Inde, il est loin de son nouvel amour (Yoko) et trop près
de sa femme actuelle (Cynthia). Cette supplique rock se révèle réussie.
109. Got to Get You
Into My Life (1966)
Johnny a repris cette chanson sous le titre « Je veux te
graver dans ma vie ». Cette version ne sera pas gravée dans nos mémoires. Par
contre celle, ébouriffante, de Earth Wind & Fire mérite le détour. Cette
cover répond à tous les critères de ce qu’on attend de cet exercice : la
surprise, l’audace, la folie. On est obligé de se l’avouer : la chanson soul
(vantant les drogues dures ou douces) composée en 1966 par McCartney est moins
bonne que la version sublimée par Maurice White et Philip Bailey douze ans plus
tard. Une prouesse.
108. Ob-La-Di,
Ob-La-Da (1968)
Attention chanson très clivante. Les puristes (dont Thierry
Ardisson) vouent à ce titre une haine inexpugnable. Pour eux, « Ob-La-Di,
Ob-La-Da » massacre la pureté du Double album. Les comparses de McCartney,
auteur du titre, refuseront que le single sorte en Angleterre. « De la musique
merdique pour grands-mères », juge Lennon. D'autres sont plus indulgents. Il
faut prendre cette pochade pour ce qu'elle est : une chanson marrante qui
détend. Et qui lance véritablement les concerts de Macca. Voir le public se
déhancher en reprenant « Ob-La-Di, Ob-La-Da life how the life goes on » suffit
à dire que cette chanson est culte !
107. Her Majesty
(1969)
Plus court titre des Beatles, et premier morceau caché de
l'histoire du rock (tous les groupes de hard rock s'en souviendront). Coquin,
Macca le chantera devant une Elizabeth II imperturbable à son jubilé en 2002,
finissant par un « je devais le faire ! ». La reine n'était visiblement jamais
allée au bout d'Abbey Road.
106. The Word (1965)
Pas difficile à deviner : le mot est bien évidemment « amour
».
105. Run for Your Life
(1965)
Très progressiste, John n'en reste pas un moins un macho.
Les paroles transpirent le patriarcat. Heureusement, Yoko Ono le remettra dans
le droit chemin. Les bed party ont parfois du bon.
104. Please Mister
Postman (1963)
Autre reprise très efficace des Beatles, des Marvelettes
cette fois-ci, pour un morceau de pur rock classique, avec un Lennon à la voix
quelque peu éraillée et surtout séduisante. On regrettera ces morceaux qui
terminent sur un fondu et non une vraie fin mélodieuse. Dommage.
103. Think for
Yourself (1965)
Encore une petite création de George dans Rubber Soul. Sans
doute la plus intéressante, car la plus pure.
102. Roll Over
Beethoven (1963)
Question d'un journaliste américain : « On retrouve le nom
de Beethoven dans l'une de vos chansons. Que pensez-vous de lui ? » Réponse de
Ringo : « Il est formidable. J'aime particulièrement ses paroles. »
101. Rock and Roll
Music (1964)
Avec un peu de « Roll Over Beethoven » en sous-main, comment
ne pas se dandiner avec un tel morceau de rock'n'roll signé Chuck Berry ?
Simple, tellement efficace, du Beatles pur jus de ses débuts, avec Lennon au
micro et un accompagnement au piano des plus efficaces ! Une merveille pour
danser.
100. I Need You
(1965)
Le « Help ! » de George adressé à sa Pattie alors qu'il
tourne un film loin de son amour.
99. Being for the
Benefit of Mr. Kite ! (1967)
Une composition de Lennon dans Sgt. Pepper. Il s'inspire
d'une affiche de cirque du XIXe siècle. Ambiance fête foraine et fanfare au
menu. Une chanson qui aurait sans doute mérité un meilleur classement au vu de
ses changements de rythme, de son pont éblouissant.
98. Sgt. Pepper's
Lonely Hearts Club Band (Reprise) (1967)
Et vous, quelle version préférez-vous ? Celle du début de
l'album ou celle précédant le généralissime « A Day in the Life » ? Cette
version, plus épurée que la première, ravit davantage l'un des auteurs. Pour
savoir ce que nous pensons de la première mouture, direction la 56e place du
classement.
97. I'm a Loser
(1965)
On n'a jamais aussi bien revendiqué de ne pas être au
niveau. Cette chanson de Lennon – sa période Dylan – aurait mérité d'être dans
le top 15 si le loser du groupe ne l'avait pas massacrée !
96. Polythene Pam
(1969)
Medley d'Abbey Road. Bonne introduction à « She Came In
Through the Bathroom Window ».
95. Birthday (1968)
Au lieu de sans cesse mettre la chanson de Stevie Wonder
quand vient le moment de souffler les bougies – titre sirupeux et inaudible,
avouons-le –, préférez ce titre rock signé du tandem Lennon-McCartney qui se
sont vraiment mis à deux pour vous souhaiter un joyeux anniversaire. N'est-ce
pas la classe ?
94. She Said She Said
(1966)
Titre hypnotisant – comme la plupart des chansons de
Revolver. Les Beatles ont trouvé leur voie et vont creuser un sillon
psychédélique qui va révolutionner la pop.
93. Norwegian Wood
(this bird has flown) (1965)
Poussé par son anti-lennonisme primaire (ou son allergie de
la sitar ?), l'un d'entre nous a mis un honteux 8 sur 30 à ce classique qui
rivalise avec Dylan. Mais plutôt que de polémiquer, digressons : la chanson a
inspiré à Haruki Murakami son plus beau roman, La Ballade de l'impossible
(c'était notre conseil de lecture pour le confinement)
92. I Feel Fine
(1964)
Commençons par un règlement de comptes : le membre du trio
qui a mis la note de 6 sur 30 à cette chanson mérite de suivre le conseil
présidentiel et traverser la rue pour trouver un nouvel emploi… Revenons au
morceau qui commence par l'une des intros de légende : ce larsen génial de John
inspirera les plus grands guitaristes. Ce n'est pas un accident technique,
c'est une trouvaille révolutionnaire. Le reste du titre est plus classique,
mais diaboliquement efficace.
91. Savoy Truffle
(1968)
Bel apport de George Harrison dans l'Album blanc marqué par
des ruptures du rythme. Une chanson à dévorer pendant la chasse aux œufs de
Pâques.
90. If I Fell (1964)
Une belle ballade de John sur l'adultère.
89. Taxman (1966)
Échaudé par l'impôt progressif du travailliste Harold
Wilson, Harrison lance un nouveau genre musical : le pamphlet fiscal. Joe
Dassin (« Il faut naître à Monaco »), Les Inconnus (« Rapt-tout ») et Florent
Pagny (« Ma liberté de penser ») lui donneront ses lettres de noblesse.
88. Helter Skelter
(1968)
Ce riff légendaire ! Ces versions live aussi puissantes que
flamboyantes ! Le morceau le plus « rock » de McCartney ? Voilà un passage de
montagnes russes d'amour et de rock qui donne une tout autre profondeur au
White Album. N'y verrait-on d'ailleurs son morceau le plus précurseur du rock
des décennies suivantes ? Votre auteur y croit. Par ailleurs, au vu du nombre
de reprises, de U2 à Oasis, jusqu'à Noir Désir (dans une version aussi géniale
qu'interminable en live) et Marilyn Manson, ce même auteur se désolidarise
totalement de ses comparses ayant purement et simplement saboté la place dans
le classement de ce monument précurseur et mythique du rock'n'roll.
87. Happiness is a
Warm Gun (1968)
Un condensé de Beatles et de Lennon. Sa composition morcelée
rend le morceau aussi inconsistant que génial, selon la sensibilité de celui
qui l'écoute justement. En passant de la douce voix de Lennon, digne d'une
ballade, aux riffs électriques de Harrison, puis aux chœurs, le tout en moins
de trois minutes, quel bazar ! Et pourtant qu'est-ce que c'est prenant et
fluide à l'écoute. Un petit chef-d'œuvre de composition sans doute bien
sous-estimé.
86. I Saw Her
Standing There (1963)
« Well, my heart went 'boom' ! » Première piste du premier
album (Please Please Me) tirée de la session d'enregistrement marathon (585
minutes) sans doute la plus célèbre du rock. Histoire d'une rencontre, d'une
attirance irrépressible, d'une envie incontrôlable de danser… toute la nuit !
Toute une jeunesse, fraîche et débridée transpire en ces paroles de ce morceau
de rock'n'roll pur jus, signé par quatre garçons dans le vent. Le début de la
Beatlemania, sans laquelle ce classement n'aurait jamais existé.
85. It Won't Be Long
(1963)
À la réécoute, on se demande bien pourquoi cette chanson
figure dans le top 100. Pourtant, promis, nous ne sommes pas allés en Inde pour
expérimenter la méditation transcendantale.
84. Can't Buy Me Love
(1964)
Tube par excellence, ce titre de McCartney fonctionne
toujours autant 56 ans plus tard. Et cocorico : « Can't Buy Me love » a été
composée et enregistrée en France.
83. I Will (1968)
Merveilleuse déclaration d'amour de McCartney, débutée lors
du séjour en Inde, et qui aurait pu être plus soignée en studio (Harrison n'est
même pas présent).
82. Two of Us (1970)
Si le cri de John ouvre la chanson, c'est bien Paul qui
compose cette chanson d'amour à destination de Linda, son nouvel amour, avec
qui il fera son premier album solo (surtout pour des raisons de droits) et
fondera son deuxième groupe, Wings.
81. If I Needed
Someone (1965)
L'une des premières compositions d'Harrison. On sent poindre
le talent du bonhomme même si la chanson a fort à faire face à « In My Life »,
« Girl » ou « Michelle ». Cette déclaration d'amour à Patty, sa future femme,
est un petit bonbon plein de promesses pour la suite.
80. Please Please Me
(1963)
Ce chant de Lennon sur les refrains. À vous mettre des
frissons. La Beatlemania commence par cette chanson et l'utilisation démente de
l'harmonica.
79. I Me Mine (1970)
« Je, moi, mien. » Pour cette ultime session d'enregistrement
des Beatles au début de l'année 1970, George Harrison évoque toute la
complexité de son approche de l'ego, voire de l'égocentrisme en général, en
articulant habilement ces trois mots. De façon moins conceptuelle, on a là une
preuve de plus du talent de composition de son auteur, et de la merveille
qu'est Let it Be (1970). À noter, lors de cet enregistrement, Lennon avait déjà
quitté officieusement le groupe…
78. From Me to You
(1963)
Après quelques années de galère, les Beatles sont bien lancés
et déchaînent la passion dès qu'un single est lancé. Ce titre est d'une
redoutable efficacité.
77. Martha My Dear
(1968)
L'arrivée de Yoko Ono va déstabiliser l'équilibre du groupe.
Durant l'enregistrement du Double blanc, l'artiste ne quitte plus le studio. Ce
qui donne des ailes à Lennon pour critiquer le travail de McCartney et la
direction prise par le groupe. La musique de « grand-mère » est dénoncée. Un
qualificatif qui infusera chez les « rock critics » pendant des décennies avant
qu'une réhabilitation de Paul s'engage. Parmi les « McCartneyries », « Martha
My Dear ». Pourtant, la chanson est un bijou mélodique, dont les paroles sont
plus profondes qu'il n'y paraît. Mais la tension est telle à Abbey Road
qu'aucun Beatle n'accompagnera Paul…
76. Sun King (1969)
Une chanson qui fait penser à « Don't Let Me Down » et
bascule sur une mélodie et des paroles typiquement lennonienne. La mélodie lui
est venue, paraît-il, dans son sommeil lorsqu'il était en Inde. Ce n'est pas «
Yesterday », mais c'est agréable.
75. Mother Nature's
Son (1968)
Une ode à la nature que ne devrait pas contester Greta
Thunberg (« Greta, my dear »). Paul écrit, compose, enregistre seul cette
ballade tout à fait sympathique, même s'il ne s'est pas creusé la tête pour les
paroles. Mère nature n'est pas regardante.
74. Things We Said
Today (1964)
L'une des chansons les plus adultes des premières années.
Écrit par McCartney lors de vacances sur un yacht, le morceau est sympathique à
écouter, même si les paroles sont un peu « cul-cul la praline ».
73. Wait (1965)
Présent sur Rubber Soul, ce titre est chanté par Lennon et
McCartney, ce qui signifie que les deux ont participé à la création. Mais
voilà, quelques années plus tard, Macca croit se souvenir qu'il l'a écrite seul
au Bahamas. Reste 2 minutes 30 assez plaisantes.
72. She Loves You
(1963)
Yeah-Yeah-Yeah
71. Sexy Sadie (1968)
Chanson enivrante de John Lennon sous forme de règlement de
comptes avec le Maharishi Mahesh Yogi. Lennon change Maharishi en « Sexy Sadie
» et dénonce la cupidité de l'ex-gourou des Beatles qui sous couvert de
méditation ne rechignait pas à transcender aussi son compte en banque sur le
dos du groupe. Pis, il fut accusé d'avoir agressé sexuellement Mia Farrow lors
du périple de la bande en Inde. « Sexy Sadie, what have you done / You made a
fool of everyone », chante Lennon. « Tu t'es moqué de tout le monde. » Mais pas
de nous, car cette chanson, composée à la hâte, est une véritable pépite
psychédélique.
Lire aussi L'aventure indienne des Beatles à Rishikesh
70. I Want to Hold
Your Hand (1963)
Qu'elle soit chantée en anglais ou en allemand, la magie des
Beatles, ou que les États-Unis ont pu dénommer la « British Invasion », opère !
C'est efficace, relativement peu inspiré, certes, mais c'est dans le pur jus
des Beatles en 1963. Un morceau « pop », fait pour rentrer dans les têtes du
monde entier. Efficace !
69. Day Tripper
(1965)
Plusieurs niveaux de lecture de cet immense succès mérité :
le voyage, le sexe ou la drogue. La position 69 nous fait préférer une
explication.
68. And I Love Her
(1964)
Écrit majoritairement par McCartney, avec des apports de
Lennon, l'une des ballades typiques de McCartney. « C'est son premier Yesterday
», avouera John.
67. You Won't See Me
(1965)
Encore une belle petite pépite de McCartney sur Rubber Soul.
C'est frais, dynamique, sympathique, même si le titre parle de la crise
conjugale que vit Paul avec sa fiancée Jane Asher.
66. Honey Don't
(1965)
Une reprise interprétée par Ringo Starr. On a du mal à
comprendre sa place dans le classement.
65. Octopus's Garden
(1969)
Deuxième composition de Ringo, inspirée d'un plat de poulpes
servi sur le yacht de Peter Sellers. L'interprète de « Yellow Submarine » y est
comme un poisson dans l'eau.
64. Mean Mr. Mustard
(1969)
Contribution de John au medley de la face B d'Abbey Road.
Plutôt que d'évoquer ce sympathique morceau, nous allons vous présenter l'un
des meilleurs projets de cover des Beatles. En 1970, alors que l'album original
est à peine usé, George Benson (« Give Me the Night ») publie The Other Side of
Abbey Road. En cinq pistes (medley de plusieurs chansons) mi-chantées,
mi-instrumentales, il réinvente ce disque culte. Mention spéciale pour « Oh !
Darling » et l'étourdissant enchaînement « Something/Octopus's Garden/The End
». Un chef-d'œuvre.
63. Fixing a Hole
(1967)
Le bricolo mélomane McCartney soigne cette composition à
double sens : le gentil bricoleur qui s'occupe de sa maison des Highlands ou le
consommateur d'héroïne qui prend sa dose. En tout cas ce type de mélodie,
guillerette, c'est notre came.
62. Don't Let Me Down
(1969)
Quel début ! Ce cri, ce « Don't Let Me Down », simple, sans
détour et répété inlassablement durant ces 3 minutes 30, destiné à Yoko Ono –
qui prendra bien ce « I'm in love for the first time » (mieux, probablement,
que sa première femme) –, signe cette puissante déclaration d'amour,
magistrale. Signe également de la vulnérabilité de son auteur, durant cette
période, en 1969, où le groupe est troublé, justement par cet amour pour Ono.
61. Nowhere Man
(1965)
L'un des sommets de Rubber Soul, dans lequel Lennon, lassé
de sa vie familiale de banlieusard le menant nulle part, entame sa veine
philosophique et auto-analytique.
60. Getting Better
(1967)
Comme « A Day in the Life », il s'agit d'une collaboration
entre John et Paul. Sans doute la dernière. Après s'être aimés et entraidés,
les deux copains s'éloignent comme le prouvent les paroles de cette chanson («
C'est de mieux en mieux », chante Paul ; « Ça ne pourrait pas être pire », rebondit
John). Le pessimiste va de moins en moins supporter l'optimiste. John a de plus
en plus mal à accepter la tournure que prend le groupe – McCartney vient de
prendre le pouvoir. John accuse Paul de saboter ses chansons – alors que, dans
les faits, c'est davantage l'inverse. Les modes de vie des deux auteurs vont
les séparer. Après 1970, c'est une véritable guerre par chansons interposées.
Contrairement à ce que l'on croit, c'est d'abord McCartney qui dégaine avec «
Too Many People » jugeant sévèrement les donneurs de leçons. Lennon règle ses
comptes « How Do You Sleep ? », une chanson en forme de réquisitoire où il a ce
vers aussi cruel qu'injuste : « La seule chose que tu as faite c'est
“Yesterday”. » John et Paul finiront tout de même par se rabibocher. Jusqu'à ce
8 décembre 1980 où il est assassiné à New York. « Il (John Lennon) est mort en
légende, et moi je vais mourir en vieil homme. »
59. I'm Looking
Through You (1965)
Paul fait part de son mécontentement par rapport à sa
girlfriend Jane Asher. Plus tard, il confessera « avoir toujours été entouré de
nombreuses filles », même quand il avait une relation stable.
57. Maxwell's Silver
Hammer (1968)
Une des chansons de McCartney qui ont le don d'agacer le
reste du groupe. Lors de l'enregistrement de ce morceau, sans grande
prétention, mais efficace, Lennon et George prennent en grippe McCartney qui
multiplie les versions et cherchent à en faire un hit. Un des points de
non-retour qui va fragiliser un peu plus la cohésion des Beatles.
56. Sgt. Pepper's
Lonely Hearts Club Band (1967)
À défaut de tournées live, McCartney a l'idée d'un groupe
fictif au nom interminable, la fanfare du club des cœurs solidaires du Sgt.
Peppers, introduit par des applaudissements et un maître de cérémonie. Ce faux
concert ne dépassera pas deux morceaux (celui-ci et With a Little Help From my
Friends), mais cela justifiera la très sérieuse réputation de « concept album »
de Sgt. Pepper's.
55. Julia (1968)
Conçue en Inde, en présence d'un autre génie Donovan («
Mellow Yellow », « Sunshine Superman » et le démoniaque « Barabajagal »), «
Julia », une très belle ballade introspective, évoque à la fois la mère de
Lennon et Yoko Ono. Ne dit-on pas qu'on finit par toujours épouser une femme
qui ressemble à sa mère ?
54. Hello, Goodbye
(1967)
Les paroles ne volent pas haut (même si elles permettent aux
écoliers confinés de réviser leur contraire), mais la mélodie de McCartney est
d'une telle efficacité qu'une fois entrée, impossible de la faire sortir de
votre tête.
53. You've Got to
Hide Your Love Away (1965)
Un bijou folk de Lennon dans sa « période Dylan ». Certains
ont cru déceler, dans cette évocation d'un amour caché, une chanson crypto-gay,
voire la confession d'une liaison avec le manager Brian Epstein.
52. All My Loving
(1963)
Cette composition de Macca est notre préférée du deuxième
album, et l'une des meilleures de leur période « lovers ». Ce n'est pas un
hasard s'ils l'ont choisie pour entamer leur prestation au Ed Sullivan Show
devant 73 millions de téléspectateurs.
51. Get Back (1970)
Quelques années après leur séparation, un promoteur proposa
des millions de dollars pour que les Beatles « get back ». Nous avons juré que
ce serait notre dernier classement, mais pour la bonne cause, et un nombre de
zéros conséquent, nous pouvons nous reformer !
50. A Hard Day's
Night (1964)
Un truc qui nous colle encore au cœur et au corps.
49. Rocky Raccoon
(1968)
Un petit air western, signé Paul, qui prouve une nouvelle
fois qu'il pouvait être à l'aise dans tous les styles.
48. Honey Pie (1968)
Un adorable pastiche de music-hall, encore une de ces «
musiques de grands-mères » que méprisait tant le révolutionnaire Lennon.
46. Across the
Universe (1970)
« Jai Guru Deva, Om. » Un peu de mélodie transcendantale,
cela vous tente ? Pas vraiment ? Laissez-vous tout simplement bercer par cette
introduction merveilleuse à la guitare, par cette ballade poétique enivrante,
par ces « flots de chagrin » et ces « vagues de joie », durant ce morceau aussi
universel qu'« All You Need is Love ». Assurément l'un des plus grands morceaux
de Lennon. « La chanson n'a jamais été correctement jouée. Par chance, les
paroles restent », dira son auteur, modestement. Très souvent reprise, mais
jamais égalée (à part peut-être par Bowie, en 1975, avec le concours de
Lennon), nous vous conseillons d'écouter la version « Naked » tirée de l'album
Let it Be, rééditée en 2003. Moins d'artifice, d'instruments, juste la voix de
Lennon, sa guitare, c'est encore meilleur à l'écoute et moins usé par
différentes expérimentations en tout genre.
45. She's Leaving
Home (1967)
Les deux plus grands groupes des années 1960, les Beatles et
les Beach Boys (et ne nous parlez pas de pierres qui roulent) se sont livrés à
une amicale émulation. C'est en écoutant Rubber Soul que Brian Wilson s'est dit
qu'il fallait sérieusement hisser le niveau et qu'il pondit Pet Sounds,
régulièrement cité comme le meilleur album de tous les temps. Mais selon la
légende, le fragile Mozart californien commença sa dépression quand McCartney,
en visite à Los Angeles, lui fit écouter « She's Leaving Home », bouleversante
chronique d'une fugue adolescente avec orchestre à cordes.
44. Rain (1966)
Inaugurant la veine psychédélique avec ralentissement de
l'enregistrement, basse omniprésente, son bien gras et bandes passées à
l'envers, cette face B a eu une influence considérable. Nulle surprise, donc,
si McCartney tenta de revendiquer une participation à l'écriture…
43. Oh ! Darling
(1969)
McCartney dans ce qu'il a de plus brut. Pour cette chanson,
afin de retrouver sa voix rauque des débuts, il arrive au studio au petit
matin, enchaîne les vocalises et les cris (pas primal, c'est sérieux la
musique). Avec « Helter Skelter », c'est l'une des prouesses vocales les plus
impressionnantes de McCartney. Malgré tout, John Lennon, jaloux comme un pou,
expliqua en 1980 que si la chanson était bonne, lui en aurait « fait quelque
chose de mieux ».
P.S. On l'a déjà dit, mais il faut absolument écouter la
cover de George Benson dans son sublime The Other Side of Abbey Road. Sa
version est absolument remarquable.
42. We Can Work it
Out (1965)
Nous ne vous cachons pas être, à ce stade-là, dans le rouge
pour la rédaction de notre classement. Mais ce classique de McCartney (qui
évoquait sa relation avec Jane Asher) nous indique que nous pouvons nous en
sortir !
41. Twist and Shout
(1961)
Reprise d'un morceau de Phil Medley et Bert Berns très
inspiré par « La Bamba ». Lennon pousse sa voix dans ses derniers
retranchements à la fin de la session d'enregistrement de leur premier album.
En 1963, devant la famille royale, il lance le tube avec cette demande mythique
: « Est-ce que les gens assis aux places les moins chères peuvent taper des
mains ? Quant aux autres, vous n'avez qu'à agiter vos bijoux ! »
40. Tomorrow Never
Knows (1966)
Après « Rain », une autre illumination lennonienne qui aura
de beaux lendemains. Le groove cosmique et répétitif de ce morceau imbibé de
LSD annonce le Pink Floyd comme la techno.
P.S. Écoutez la version ombrageuse de Phil Collins.
39. Carry That Weight
(1969)
Nous devons porter ce fardeau de classer 238 chansons des
Beatles. C'est difficile. Mais pour nous donner la pêche, on peut écouter ce
titre issu du medley d'Abbey Road porté par un jeu de cuivre somptueux.
38. Ticket to Ride
(1965)
La révolution approche. Après les chansons gentillettes sur
l'amour (« I love you / You love me too / I do do do », pour résumer les
épisodes précédents), on commence à voir une évolution marquante dans la façon
de composer des quatre garçons dans le vent. Ce morceau, où le garçon abandonné
par une fille ne cherche pas à la retenir, est un ticket pour le futur : plus
de maturité dans les paroles, un style musical plus adulte. Est-ce le vent de
nouveauté qui souffle sur la pop anglaise (Les Kinks ou les Who) qui a poussé
le groupe à se remettre en question. Lennon expliquera avoir créé l'une des
premières chansons de heavy metal.
P.S. On vous conseille la cover des Carpenters.
37. I'm Only Sleeping
(1966)
Ode au sommeil, à la contemplation – « Keeping an eye on the
world going by my window » –, ou encore à la grasse matinée interminable… John
Lennon livre ici la leçon de paresse (et de sa jouissance) la plus poétique de
son époque. De ce bâillement terriblement contagieux en milieu de morceau,
ponctué de quelques notes de basse incroyablement entraînantes, le tout
accompagné de cet enregistrement de guitares électriques signé Harrison passé à
l'envers, on tient là un chef-d'œuvre de Revolver.
36. Strawberry Fields
Forever (1967)
Strawberry Field vient du nom de l'orphelinat situé juste en
face de chez Lennon durant son enfance. Une stèle à son nom tient également
place à Central Park à New York, en son hommage. Aussi psychédélique
qu'onirique, cette fois sans clin d'œil à une quelconque prise de drogue, on
part durant ces 4 minutes dans une douce autopsychanalyse de Lennon, où
celui-ci s'interroge sur sa différence, son génie (ou sa folie ?), durant sa
prime jeunesse. Un morceau historique des Beatles et d'une richesse
instrumentale tout bonnement incroyable : piano, mellotron, trompettes,
violoncelles, swarmandal (instrument indien), un véritable orchestre ! Une
chanson toutefois trop expérimentale selon Lennon, dont il imputera la faute à
Macca, qui laissera à son auteur un goût d'inachevé. Pourtant, quel génie, quel
délice jusque dans ce final instrumental… étrange. D'ailleurs, il est bien dit
« cranberry sauce » à sa fin, toute allusion à un éventuel complot où la mort
de Paul McCartney aurait été dissimulée est proscrite au sein de ce classement.
Ce n'est pas notre genre au Point.
35. Lucy in the Sky
With Diamonds (1967)
Le plus gros mensonge des Beatles ne serait-il pas dans
cette chanson ? Tous, jusqu'à Ringo, ont nié l'influence du LSD dans la
composition et le choix du titre de cette piste. Qu'elle serait simplement
imaginée à partir d'un dessin du fils de Lennon et d'Alice au pays des
merveilles (cf. « I Am the Walrus »). C'est cela ! Psychédélique, entraînante,
entêtante, planante, paroles délirantes, avec même un peu de tampura indienne
jouée (par Harrisson) : tout est là pour faire l'un des morceaux phares de
Lennon, à condition de se prendre au jeu… Sans consommer de substances
illicites évidemment.
34. Back in the
U.S.S.R. (1968)
Quel rock ! Après avoir bossé avec Lennon, Paul se penche
sur le pays de Lénine. Et ça envoie du lourd. L'idée de la chanson est venue
d'une discussion (enfumée) entre McCartney et Mike Love des Beach Boys. L'idée
est en gros de parodier « Back in the USA » de Chuck Berry, pasticher le style
de Beach Boys et de se moquer de la campagne de communication du gouvernement
britannique « I'm Backing Britain ». Si le titre est très appréciable, en
coulisses ça gronde. Pendant l'enregistrement, Macca s'en prend à Ringo jugeant
qu'il ne donne pas le meilleur de lui-même : Ringo claque la porte et Paul joue
de la batterie dans le morceau. En 1968, c'est bien la guerre froide au sein
des Beatles.
33. Michelle (1965)
La plus française des ballades anglo-saxonnes. Niveau
parole, on touche le fond, mais la mélodie de Macca rattrape tout. Simple et
efficace. Les Beatles ont toujours eu un rapport particulier avec la France
comme l'a si bien démontré Yves Bigot dans Plus célèbres que le Christ. La
mèche inspirée de Jean-Claude Brialy, la première partie de Vartan, le fantasme
de Bardot, la Marseillaise dans « All You Need is Love »… À Bigot, McCartney
confesse qu'après avoir composé cette mélodie « bossa-nova », il fredonnait des
mots en français parodiant Maurice Chevalier. Et c'est ainsi que naquit l'une
des chansons des Beatles préférées des Français. Et l'un des calvaires de
McCartney : « Je n'arrivais pas à prononcer correctement ensemble. Je disais
toujours ensembe. Une amie de Jane [Jane Asher, sa première fiancée, NDLR] a
insisté pour que je parvienne à articuler bleuh. »
32. Drive My Car
(1965)
Un homme qui drague une fille, mais qui se retrouve «
esclave » de sa petite amie. Un rock dynamique qui illustre l'harmonie –
bientôt rompue – entre Paul (qui a l'idée de la chanson et sa mélodie) et John
(qui améliore considérablement les paroles).
31. Blackbird (1968)
Macca en apesanteur, rendant subtilement hommage au
mouvement des droits civiques. Belle reprise par le pianiste jazz Brad Mehldau.
30. In My Life (1965)
Magnifique évocation des amis et des lieux disparus par
Lennon, assortie d'un piano baroque joué par George Martin. McCartney
revendiqua la paternité de la mélodie, mais en 2018, deux chercheurs, un
mathématicien, l'autre statisticien, ont tranché : la probabilité que Paul en
soit le compositeur n'est que de 1,8 %.
29. All You Need Is
Love (1967)
Quel plus bel hymne à l'amour et à la paix ? Peut-on faire
plus « lennonesque » dans le texte ? De cette introduction avec la
Marseillaise, guerrière, suivie par ces mots : « love, love, love », se lance
le reste du morceau, que Lennon n'hésitera pas à qualifier de vraie « chanson
de propagande ». Au-delà de l'engagement politique, en pleine guerre du Vietnam
à l'époque, en 1967 lors de sa première diffusion mondiale, voilà un morceau
aussi universel qu'entêtant (et pour notre bien !).
28. Lady Madonna
(1968)
Drôle de chanson qui mélange plusieurs genres : le piano
fiévreux rappelle les origines rock'n'roll, le saxophone apporte un côté jazzy
(un petit côté Nouvelle-Orléans renforcé dans le spectacle du Cirque du Soleil
consacré aux Beatles) et des chœurs pop. Cette ode à une mère célibataire sans
moyen, mais qui doit nourrir ses enfants est un morceau de bravoure de Paul.
John y insère un vers pour évoquer les bas de cette « Lady Madonna » qui
sublime la chanson : « See How They Run » (voyez comme ils filent »).
27. Hey Jude (1968)
On connaît par cœur l'histoire de ce titre : pour
réconforter Julian Lennon, dont les parents sont en plein divorce, McCartney
dans son Aston Martin fredonne quelques mots. Une fois rentré, notre 007 de la
pop se met au piano et compose cette longue (trop longue ?) et réconfortante
ballade. Et puis « la-la-la-la hey Jude »
P.S. Les Anglais qui s'y connaissent autant en musique qu'en
foot ont choisi cette chanson comme hymne pour Olivier Giroud. De là à dire
qu'il préfère le karting à la Formule 1…
26. Help ! (1965)
En pleine crise de la vingtaine, Lennon signe ce titre
énergique. Un vrai appel au secours face à un mariage qui bat de l'aile, une
Beatlemania qui devient de moins en moins supportable et des critiques de plus
en plus acerbes (« Est-il capable d'écrire des mots de plus d'une syllabe »,
osera un rock critic). L'aide, il va bientôt la trouver dans les acides les
plus vertigineux, mais les plus féconds sur le plan artistique.
25. Girl (1965)
Masochiste, Lennon évoque la femme de ses rêves, qui
l'humilierait devant ses amis. Patience, elle arrive ! On peut mesurer la
qualité d'un morceau lennonien aux revendications postérieures de McCartney : «
J'y ai pas mal contribué aussi », dira le bassiste à son biographe et ami Barry
Miles à propos de ce joyau de Rubber Soul.
24. I Want You (She's
So Heavy) (1969)
On ne va pas se mentir. Ce titre ne brille pas par ses
paroles répétées ad libitum par un John exalté déclarant sa femme à Yoko. Mais
quelle mélodie mi-blues, mi-rock. Ce titre fiévreux prouve qu'il ne suffit pas
d'être pompeux pour faire mouche. Seules sa durée (près de huit minutes) et sa
fin (une coupure brutale du son) nous douchent.
23. The Long and
Winding Road (1970)
McCartney composa cette merveille seul au piano dans sa
ferme écossaise. Mais, à sa plus grande fureur, le producteur Phil Spector
transforma la route sinueuse en autoroute wagnérienne. Macca citera même le
titre parmi ses six arguments juridiques pour porter plainte contre les trois
autres Beatles en 1971. Mais la chanson est suffisamment belle pour survivre au
lifting spectorien.
P.S. La version Let it Be… Naked, débarrassée de tout le
pompeux mis par Spector, rend grâce à la mélodie et au talent de McCartney.
22. I Am the Walrus
(1967)
Goo goo g'joob ! Ne serait-ce pas l'ovni le plus improbable
de l'hallucinant Magical Mystery Tour ? Ou bien de Lennon au sommet de sa
période psyché ? Voulant se moquer gentiment des professeurs désireux de
décortiquer les chansons des Beatles, parfois en vain, il prit trois
compositions, s'inspira de paroles de chansons pour enfants, d'une chanson de
Lewis Carroll intitulée « Le Morse et le Charpentier » (d'où « The Walrus »),
consomma quelque peu de LSD – « I am he as you are he as you are me and we are
all together », en intro, en est la première trace – assembla le tout, et ainsi
naquit « I Am the Walrus ». Fascinante, merveilleusement rythmée, surréaliste,
composée avec des paroles plus qu'insensées : voilà un concentré de ce tout ce
que Lennon peut avoir de fantasque, de ce qui sublime toute une période des
Beatles et cet album – le favori de l'auteur de ces lignes. Nous ne pouvons que
vous conseiller d'écouter, après l'originale évidemment, la reprise du groupe
Oasis qui, trente ans plus tard, l'a interprétée en live, à la fin de son
ultime tournée notamment, et d'abord avec à nouveau une face B – comme
l'avaient fait les Beatles (à la grande vexation de Lennon).
20. She Came In
Through the Bathroom Window (1969)
Après un début de medley un poil sage, McCartney, bien
introduit par le « Oh look out ! » entre
en piste avec cette histoire – en partie vraie – d'une femme qui a réussi à
s'introduire dans la maison de Paul. Plus tard, George avouera que la chanson
était « étrange » et que les paroles étaient « terrifiantes ». Et
malheureusement prophétique pour Harrison, qui sera poignardé par un intrus
schizophrène dans sa propriété en 1999.
21. With a Little
Help From My Friends (1967)
Une belle chanson sur l'amitié écrite et composée par Lennon
et McCartney pour Ringo. On l'aime bien notre batteur, mais on lui préférera la
version transpirante, rauque et bien chargée (sans doute trop de Lucy in the
Sky with Diamonds) de Joe Cocker à Woodstock.
19. Hey Bulldog
(1969)
Une intro au piano qui a du chien. Et qui se termine par les
aboiements de McCartney. Un dernier moment d'unité avant la tempête. « L'espace
d'un instant, Paul et John furent de nouveau les inséparables amis d'enfance
qu'ils avaient été jadis, désinhibés et totalement à l'aise en présence l'un de
l'autre […] Quand j'y repense, ce fut peut-être la toute dernière fois où les
Beatles furent vraiment heureux de se trouver ensemble dans un studio », écrit
dans son livre leur ex-ingénieur du son Geoff Emerick.
P.S. La chanson sera utilisée tous les étés comme générique
de l'émission de Thierry Ardisson, Tout le monde en parle. Dommage, Joe Cocker
n'a jamais voulu reprendre ce titre…
18. Penny Lane (1967)
Face au « Strawberry Fields » de Lennon, Macca ressuscite
lui aussi le Liverpool de leur enfance. À part chez les Kinks, troisième
meilleur groupe des années 1960 (non, mais arrêtez avec vos pierres qui
roulent), on ne connaît pas plus belle évocation de la populace anglaise.
17. The End (1969)
Un solo de batterie par Ringo – l'unique. Trois solos de
guitare par Paul, George et John. Et une phrase pour conclure le medley de la
face B d'Abbey Road : « And in the end, the love you take is equal to the love
you make ». Perfide, en 1980, Lennon dira : « Comme quoi Paul est parfois
capable de penser. » Toujours aimable John…
16. For No One (1966)
Attention ! Une chanson d'amour de McCartney qu'aime Lennon
! Conçue dans un chalet en Suisse, « For No One » raconte les souvenirs d'un
homme sur une histoire finissante. Un brin autobiographique puisqu'à cet
instant Macca vivait ses derniers feux avec sa fiancée Jane Asher. Le solo de
cor est une merveille.
15. When I'm
Sixty-Four (1967)
On entend déjà les cris : comment peut-on classer cette
gentille petite chanson aussi haut ? Tout simplement parce que McCartney a
écrit et composé ce morceau à l'âge de 15 ans. La maturité des paroles est
impressionnante pour un garçon de cet âge. Et n'oublions pas que, avec cette
chanson, 64 ans est devenu un âge-étape comme 27 ou 33. Plus joyeux…
14. Let It Be (1970)
Après avoir rêvé de sa mère Mary, morte d'un cancer quand il
avait 14 ans, Macca composa ce gospel/mantra. La messe est dite, les Beatles
vont se séparer et ainsi soit-il. Même la morgue lennonienne n'arrivera pas à
entacher l'émotion qui se dégage à chaque écoute de cette invitation au
lâcher-prise : « Ça, c'est Paul. Que peut-on dire ? Rien à avoir avec les
Beatles. Cela aurait pu être des Wings. Je ne sais pas à quoi il pensait quand
il a écrit ça. »
13. Come Together
(1969)
« Rassemblez-vous. » D'un slogan politique (écrit lors de sa
deuxième bed party à Montréal), notre pacifique aux lunettes rondes en tire une
chanson sublime. S'il compose l'intégralité du titre – avec cependant un léger
plagiat de Chuck Berry –, Lennon peut compter sur McCartney pour lui apporter
la ligne de basse culte du morceau. Les paroles sont à la fois surréalistes et
politiques (« One thing I can tell you is you got to be free ») et le tout se
termine par un message à double sens (le rassemblement et la jouissance
collective).
12. Here Comes the
Sun (1969)
Vous le verrez par la suite : voici le premier chef-d'œuvre
de George Harrison. Notre Beatle hippie, vivant dans l'ombre de deux géants, va
se battre sur chaque album pour placer un ou deux titres. Plus les années
passent, plus George s'affirme. « Here Comes the Sun » est un titre somptueux.
Au milieu des orages d'un groupe en pleine déliquescence (il dira qu'aller en
studio c'était comme « aller à l'école »), Harrison apporte un peu d'optimisme.
Tout dans ce morceau est réussi : l'intro, la suite d'accords, l'arrangement de
cordes, la production de George Martin. Même si Harrison a tendance à
s'auto-inspirer : de légères ressemblances avec « If I Needed Someone » et «
Badge » de Cream (coécrite avec Clapton). En période de confinement, nous vous
invitons à pousser les décibels et vous laisser porter par ce titre.
11. Because (1969)
L'une des meilleures – seules ? – bonnes suggestions de Yoko
Ono. Un peu avant l'enregistrement, Ono et Lennon ont un accident de voiture. À
peine remis, les voilà qu'ils reviennent à Londres. John fait livrer un lit au
milieu du studio et un micro pour que Yoko puisse donner son avis. Si cette
présence suscite la majeure partie du temps des tensions, elle permet un
dernier moment de grâce. Un jour, l'artiste joue un mouvement de Beethoven et
John décide de le reproduire, mais à l'envers. Ainsi naquit l'une des pépites
d'Abbey Road : « Because ». Alors que le groupe a cessé d'en être un, les
quatre garçons dans le vent s'unissent dans la tempête : un dernier chant
harmonieux entre Paul, John et George – Ringo est présent, mais ne chante pas.
Comme un symbole ce sera la dernière chanson jamais enregistrée par les
Beatles.
10. Revolution (1968)
Ça, c'est de la révolution. En 1968, Lennon fait mouche.
Contrairement au collage raté (vous a-t-on suffisamment dit que ce « machin »
était horrible ?) et à la version blues, trop sage, ce morceau est un condensé
de rock pur et dur (gros riff et piano furieux) : ce qu'a fait de mieux dans le
genre politisé Lennon. Les paroles, loin de pousser à la révolution, sont
beaucoup plus subtiles et fonctionnent mieux, car elles poussent les
révolutionnaires de bac à sable à réfléchir à leurs messages et leurs actes.
P.S. La vengeance capitaliste étant un plat qui se mange
froid, à la fin des années 1980, Nike déboursa 500 000 dollars pour mettre
cette chanson dans un film publicitaire. Ringo, George et Paul s'y opposèrent.
Yoko,elle, accepta. Étonnant ?
9. Here, There and
Everywhere (1966)
Composée au bord d'une piscine alors que Lennon sommeillait,
cette ballade romantique rivalise avec les harmonies célestes du « God Only
Knows » des Beach Boys que Macca venait juste d'écouter. Même Lennon dut avouer
qu'il s'agissait de l'une de ses chansons préférées des Beatles.
8. The Fool on the
Hill (1967)
La ballade « mccartnéienne » par excellence. On est porté
par la grâce de cette mélodie aérienne – le solo de flûte est à inscrire de
toute urgence au programme de musique en classe de 3e. La voix de Macca montre
toute sa fragilité et sa subtilité quand il se fait passer pour un paria isolée
sur sa colline, car tout le monde le prend pour un idiot. Une fois n'est pas
coutume, Lennon accorda un satisfecit à son vieil ami : « Les paroles sont
bonnes. Comme quoi, il est capable d'écrire de bonnes chansons complètes. »
P.S. On vous encourage à écouter la cover samba-bossa nova
de Sergio Mendes.
7. Eleanor Rigby
(1966)
L'une des plus belles compositions de McCartney – même si
Lennon voulut un temps s'approprier la paternité des paroles. Chaque Beatle
apporta sa petite pierre à ce bel édifice – George signe le refrain (« All the
lonely people / Where do they all come from »). La mélodie est éblouissante
grâce aux instructions que laisse Paul à George Martin : il faut s'inspirer des
Quatre Saisons de Vivaldi. Le résultat sera étourdissant : une sorte de
symphonie baroque avec des instruments à cordes. Comme pour « Yesterday ». Un
somptueux bijou. Placé en face A de « Yellow Submarine », la popularité de ce
chef-d'œuvre devra attendre quelques mois.
6. You Never Give Me
Your Money (1969)
Money, money, money… La fin de la belle aventure fut gâchée
par l'argent. John Lennon a fait entrer deux – et même trois – loups dans la
bergerie. Sur le plan personnel, l'arrivée de Yoko Ono fit péricliter la belle
unité. Allen Klein, manager des Rolling Stones, vint mettre son grain de sel
dans les affaires financières du groupe. McCartney ayant senti l'entourloupe a
vite pris en grippe le gugusse. Dans cette chanson – à la mélodie enivrante –,
il l'attaque : « Tu ne me donnes jamais ton argent » ; et rêve de partir pour «
en finir avec les larmes ». Après Abbey Road, Klein confiera les bandes du
projet Get Back à Phil Spector – troisième loup – qui massacra en
postproduction, selon Macca, « Let it Be » et « The Long and Winding Road ».
5. Golden Slumbers
(1969)
La pièce la plus mélodique du medley d'Abbey Road. Signée
Paul McCartney, elle s'écoute avec ou sans les paroles. Le travail de George
Martin sur ce morceau est éblouissant rendant cette berceuse subtile et pop.
L'enchaînement avec « Carry That Weight » fait le reste. Magique.
P.S. Le meilleur medley version live ? Le concert « Music
for Montserrat » organisé au Royal Albert Hall en 1997 avec Paul McCartney au
chant, Eric Clapton et Mark Knopfler aux guitares et Phil Collins à la
batterie. Le tout orchestré par George Martin. Une Golden team.
4. Yesterday (1965)
Beaucoup en ont rêvé, mais lui l'a fait. Après avoir entendu
une mélodie dans ses songes, Paul la plaque sur son piano, puis s'assure bien
qu'il ne s'agit pas d'un plagiat. Bingo : voilà la chanson la plus reprise de
tous les temps. La multitude des versions, souvent épouvantables, ne doit pas
faire oublier la délicatesse et la tristesse de l'originale. C'est aussi la
première fissure au sein des Fab Four. Ce futur standard, enregistré par le
seul bassiste, remet en question la place de Lennon, jusque-là incontestable
leader.
3. While My Guitar
Gently Weeps (1968)
Un monument. Il y a l'intro au piano de McCartney. La voix
toute en rupture de Harrison. Et enfin, le solo de Clapton, premier artiste
invité à jouer avec les Beatles. L'homme de Cream fait pleurer sa guitare et
rend le morceau magique. Tout est admirable dans ce titre d'Harrison, qui signe
l'une de ses plus belles compositions. À cet instant, il rivalise avec
Lennon-McCartney. Son premier album solo All Things Must Pass, démontre à quel
point Harrison était en capacité de faire aussi bien, voire mieux que ses deux
illustres coéquipiers (on citera l'exceptionnelle « Isn't it a Pity » ou la
monumentale « Let it Down »). Il ne tiendra, malheureusement, pas sur la durée.
2. Something (1969)
La plus belle chanson (d'amour) écrite par George Harrison ?
Composée durant la session d'enregistrement du White Album, le morceau devint
plus tard cette deuxième piste culte de l'album Abbey Road que tout fan connaît
par cœur. Quelle plus belle preuve de l'immense talent, bien que tardivement
révélé, du « quiet Beatle »… Pour Lennon, il s'agit de la meilleure chanson de
l'album, et pour McCartney de « la meilleure que Harrison ait écrite ». Ce
dernier la croira humblement trop simple… Sans doute parce qu'il doit être aisé
d'imaginer, pour un tel génie, de dire « je t'aime », puis d'écrire une
déclaration d'amour si universelle… Mille façons existent d'écouter ce
chef-d'œuvre, à l'infini : par la version studio (évidemment), la démo
enregistrée et disponible dans la dernière édition d'Abbey Road, en live avec
George Harrison, lui-même, accompagné d'Eric Clapton en 1991 au Japon, ou
encore grâce à Paul McCartney, en live, lors de ses tournées actuelles, avec sa
touchante introduction au ukulélé… Quel hommage vibrant, à chaque concert.
Avouons-le, la première place du classement générale n'était vraiment pas loin.
1. A Day in the Life
(1967)
Quel morceau, oh boy ! Le point d'orgue épique de Sgt.
Pepper's. La chanson qui réussit l'exploit de rassembler lennoniens et
mccartneyiens, de réconcilier art mineur et musique classique (34 heures
d'enregistrement pour notamment mettre en boîte la fameuse montée orchestrale),
et même de nous mettre d'accord tous les trois (une moyenne de 29,9 sur 30).
Leonard Bernstein déclara que « trois mesures de A Day in the Life me
soutiennent, me rajeunissent, enflamment mes sens et ma sensibilité ». Vu notre
profession, on retiendra surtout que la lecture des journaux stimule la
créativité…
Il est sans doute le meilleur historien du rock français.
Yves Bigot, patron de TV5 Monde, a longtemps été « rock critic » pour
Libération et Europe 1, puis rédacteur en chef de la mythique Rapido. Auteur du
remarquable Plus célèbres que le Christ, une anthologie de ses rencontres avec
les stars du rock, Bigot a accepté de juger notre classement des Beatles, à
l'occasion des 50 ans de leur séparation. Comme au temps d'Érudits rock, la
séquence légendaire de Lunettes noires pour nuits blanches de Thierry Ardisson
– autre Beatle maniac qui nous a accordé une interview –, les échanges sont
libres et le jugement de Bigot est impitoyable : selon lui, nous avons (presque)
raté notre top 20. Ambiance.
Le Point : Comment
jugez-vous notre classement des 238 chansons des Beatles ?
Yves Bigot : Je vais commencer par un ouf de soulagement : «
A Day in the Life » est première ! J'enchaîne par une surprise – pas forcément
mauvaise : les deux chansons d'Harrison dans le top 3. Vu l'aura et la densité
de production de Lennon-McCartney, très franchement, je ne m'y attendais pas.
Après, il y a une surreprésentation de McCartney…
Ça vous choque…
Un peu. Très franchement, à mon avis, « Golden Slumbers » et
« The Fool on the Hill », ça n'a rien à faire dans le top 10. Idem pour « When
I'm Sixty-Four » – même si je l'ai chantée avec Beigbeder pour les 64 ans de
Thierry Ardisson. « Because » – même si du Lennon – est un joli morceau, mais
ça rien à faire dans le top 20. Il fallait mettre bien évidemment plus haut «
Come Together » (13e), « Strawberry Fields » (36e), « Helter Skelter » (88e) –
c'est stupéfiant -, « I Am the Walrus » (22e), « In my Life » (30e), « Lucy in
the Sky » (35e) et « Tomorrow Never Knows » (40e), le morceau le plus
psychédélique et expérimental du groupe. Mon petit plaisir personnel c'est « A
Hard Day's Night » qui est une très bonne chanson et dont l'accord du début est
magique. Sans doute le plus magique de l'histoire du rock.
Que dit de nous ce
classement effectué par trois trentenaires ?
Que vous vous êtes intéressés davantage à l'aspect chansons
que l'aspect musique. Sans doute, du fait de votre génération, vous avez
surnoté les disques les plus récents. Abbey Road est sans doute plus compatible
pour vos oreilles que Beatles for Sale. Ce n'est pas comme nous qui avons vécu
en temps réel ces chansons, ces évolutions. Par exemple, des morceaux
formidables comme « Rain » ou « Ticket to Ride », sont peut-être plus
difficiles d'accès si on ne les a pas expérimentés en temps réel.
Lennon ou McCartney ?
Je suis les deux… Les Beatles ce sont les Beatles ! Même
Ringo ! C'est un batteur exceptionnel. Pour répondre, si c'était une course
hippique, je dirai Lennon d'une courte tête. McCartney a plus de densité
mélodique que Lennon, mais les paroles de John sont supérieures à celles de
Paul.
Quel album
recommanderiez-vous à un novice ? Quelle chanson ?
Ça se joue entre Sgt. Pepper's, Revolver, Abbey Road : il
est plus simple de dire le best-of intitulé le double bleu ! L'album blanc
n'est pas l'album d'un groupe, mais celui d'individualités qui s'ajoutent. Pour
la chanson : « A Day in the Life », est une bonne façon d'aborder les Beatles,
même si ce n'est qu'un aspect. Quelqu'un qui n'aime pas « A Day in the Life »,
je ne peux rien faire pour lui.
Pourquoi Les Beatles
pèsent encore autant dans l'histoire de la musique ?
L'héritage est monumental : c'est le plus grand groupe qui
ait jamais existé. Sans eux, le monde tel que l'on connaît n'aurait pas existé.
C'est fondamental. Ils ont ouvert la porte du rock à tout le monde. Si je
voulais vous expliquer, à vous trentenaires, ce qu'étaient les années 1960, je
vous dirais : « Écoutez les Beatles. » Sans Beatles, pas de Kinks, de Stones.
Leurs héritiers ont fait du dérivé de Beatles – c'est le cas de Electric Light
Orchestra. Personne n'a été aussi pionnier, aussi révolutionnaire qu'eux. Leur
son a permis d'élargir le spectre du rock d'une manière immense et sans
limites. Il n'y a qu'à voir les reprises continues de leur répertoire. Leurs
mélodies et paroles tiennent encore debout 55 ans après !
Justement quelle est
la meilleure reprise d'une chanson des Beatles ?
« With a Little Help of My Friends » par Joe Cocker.
On fête les 50 ans de
leur séparation. De quel Beatle êtes-vous le plus proche en termes de carrière
solo ?
George Harrison : on ne s'attendait pas à ce qu'il soit à ce
niveau de qualité. C'était surprenant et enthousiasmant. Celui qui me touche le
plus c'est Lennon. Ce qui n'enlève rien à McCartney. Mais il a fait beaucoup
d'albums très moyens. Le meilleur étant un tout récent : Chaos and Creation in
the Backyard qui est au niveau des Beatles. Ringo est le moins bon des quatre,
mais on ne peut pas lui en vouloir.
Ardisson : « Classer les chansons des Beatles, c'est du blasphème ! »
INTERVIEW. Nous avons demandé à l'animateur et grand fan des
Beatles de commenter notre classement, à l'occasion des cinquante ans de la
séparation du groupe. Propos recueillis par Florent Barraco
Cinquante ans ! Il y a cinquante ans, Paul McCartney faisait
parvenir un communiqué de presse annonçant la fin des Beatles et l'arrivée dans
les bacs de son premier album solo. Le groupe avait depuis longtemps périclité
et Macca ne faisait qu'entériner une situation connue. Pour faire revivre ce
groupe mythique, nous avons donc décidé de classer l'intégralité des chansons
des Beatles. Nous en avons également profité pour demander à Thierry Ardisson,
grand fan des Beatles en général et de Lennon et Harrison en particulier, de
réagir. Attention, va y avoir du sport !
Le Point : Comment
analysez-vous notre classement ?
Thierry Ardisson : Je refuse de classer les chansons des
Beatles ! Qui sommes-nous ? Qui êtes-vous pour classer les chansons des Beatles
? De quel droit peut-on dire que « Something » est moins bien ou mieux que « A
Day in the Life » ? On m'a souvent posé la question de savoir quelle était ma
chanson des Beatles préférée. Il est impossible – et impensable – de répondre.
On peut préférer une époque ou un album. Mais pas une chanson. Me demander de
classer les chansons des Beatles, c'est comme mettre un caméléon sur du tissu
écossais. Le caméléon devient fou. C'est du blasphème ! C'est du sacrilège !
Vous devriez être
content, nous avons mis deux chansons de Harrison dans le top 3…
Très bien. Même Frank Sinatra, qui n'a jamais voulu entendre
parler des Beatles, a fini par chanter « Something ». J'ai tout de suite été
intéressé par les productions de George Harrison, dès « Rubber Soul ». Je me
suis donné comme ambition toute ma vie de convaincre les gens qu'il était aussi
bon que les deux autres. Malgré tout, désolé, ne me demandez pas de choisir
entre mon père et ma mère. Les Beatles, c'est une aventure musicale unique.
C'est d'abord du rockabilly, inspiré par Gene Vincent et Chuck Berry dont ils
reprennent les morceaux. Ensuite, quand ils rencontrent George Martin, ils
découvrent les instruments européens (hautbois, la flûte, le clavecin). Puis,
George Harrison avec son trip indien fait entrer la world music ! C'est une
fusion magique de tous ces styles de musique. Et après, quand ils se séparent,
ils font des albums sublimes. Pour moi, les Beatles, c'est Schubert !
D'ailleurs, on me pose souvent cette question idiote : Stones ou Beatles ? Les
Stones, c'est « le plus grand groupe de rock du monde ». Les Beatles, ce sont
des musiciens géniaux. Toutes leurs mélodies ont été reprises par des chanteurs
venus de toutes les influences.
Ils sont
indémodables…
Les jeunes générations ont découvert les chansons des
Beatles sur L'Album bleu et L'Album rouge (deux best-of), qui sont deux sombres
merdes (rires) ! On leur a donné les chansons dans le désordre, alors que
chaque album correspondait à un stade de leur évolution. C'était fascinant ! J'ai
raté ma deuxième année d'anglais à la fac de Montpellier à cause de Sgt.
Pepper's. On l'a reçu la veille de l'examen. J'ai passé la nuit à l'écouter. Et
le lendemain, je me suis endormi pendant l'examen.
Vous avez un lien
très profond avec ce groupe.
Quand ils se mariaient, je me mariais, quand ils prenaient
de la drogue, j'en prenais, quand ils divorçaient, je divorçais. J'étais en
osmose. Je suis allé spécialement à Londres pour le Magical Mystery Tour, qui
était diffusé sur la BBC. Je les aime un peu moins que Jésus-Christ, mais je
les aime beaucoup (rires). Le plus extraordinaire, c'est qu'ils ont fait ça en
six ans. Ces chansons sont nées d'une émulation entre McCartney et Lennon,
chacun voulant montrer à l'autre qu'il était meilleur. C'est magique.
Et après la
séparation du groupe, quel était votre Beatle préféré ?
La première fois que j'ai rencontré Giscard, je lui ai dit :
« Votre départ de l'Élysée est la nouvelle la plus triste depuis la séparation
des Beatles. » (rires). Il ne savait pas. Qu'est-ce qu'on a pu haïr Yoko Ono !
D'ailleurs, je le lui ai dit quand elle est venue faire Lunettes noires pour
nuits blanches ». Très vite, après la séparation, j'ai beaucoup suivi et
apprécié l'œuvre de George (All Things Must Pass et Living in the Material
World) et les albums de Lennon, époque New York, piano, voix, sublimes.
Vous avez utilisé des
chansons des Beatles dans vos émissions
Quand je suis arrivé à la télévision, j'ai découvert qu'on
avait le droit, grâce à l'accord entre les chaînes et la Sacem, d'utiliser
toutes les chansons que je voulais, j'en ai profité à mort ! Dans Tout le monde
en parle, j'ai beaucoup utilisé « Hey Bulldog » – un super générique – et «
Within You without You », évidemment, quand on évoquait la fumette !
Vous ne voulez
toujours pas nous dire vos chansons préférées…
(Il réfléchit) Allez ! Ce que je préfère : la face 2 d'Abbey
Road, qui débute avec « Something », et après il y a plein de petits bouts de
chansons. On croirait qu'ils ont fait les fonds de tiroir ! Par contre, la
pire, c'est « Ob-la-di, ob-la-da ». C'est très bourrin, on dirait du Patrick
Sébastien !