Les Beatles à Londres en 1963. Je venais de les rencontrer, mais je parlais mal l’anglais. Je décidai donc de marquer le coup afin qu’ils se souviennent de moi. Après les avoir emmenés dans un studio, je leur demandai de s’aligner. Puis je leur donnai à chacun une cigarette et un briquet. Je dis alors à mon assistant d’éteindre le studio. Je les entendais se marrer dans le noir. Je leur demandai alors d’allumer leurs cigarettes. Clic clac Merci Kodak, je fis trois photos et je dis à mon assistant de remettre la lumière. « Merci messieurs, ce sera tout pour aujourd’hui. » Ça les a certainement surpris car ils ne m’ont pas oublié. J’ai pu travailler facilement avec eux pendant six ans.
Les Beatles à Londres en 1964.
Au début des années 60 je ne connaissais de l’anglais que ce que j’en avais
appris au lycée. Inutile de vous dire que mon vocabulaire était très limité.
Pour la première séance je les rencontrai dans le bureau de leur agent Brian
Epstein, lequel connaissait notre journal. Ils entrèrent l’un après l’autre en
lançant des plaisanteries auxquelles je ne comprenais pas grand-chose. On me
demande souvent si j’étais impressionné, non pas vraiment, à l’époque ils
n’étaient pas encore les Beatles avec un grand B, mais seulement un groupe de
jeunes qui faisait de la musique sympathique. Je fis tout de suite des photos
d’eux près d’une fenêtre en leur parlant surtout à l’aide de gestes, on aurait
dit un traducteur pour sourd-muets des journaux télévisés. Puis je proposai
qu’on aille dans le studio que j’avais réservé. En descendant avec eux je vois
cette porte rouge. « Tiens, si on en faisait une là ? » dis-je au hasard. Le
temps de trouver une chaise pour que Ringo puisse se mettre en position, la
prise de vue nous prit cinq minutes. Quand je pense que cette photo est
maintenant la plus célèbre que j’ai faite du groupe…
Après la séance en studio, ils m’avaient sans doute pris en sympathie, car
aussitôt ils m’ont emmené chez Anello & Davide, le fabricant de bottines
des rockers anglais, celles avec le « Zip » sur le côté, le rêve absolu à
l’époque.
Nous n’étions pas arrivés dans la boutique depuis une demi-heure que la rue
était bloquée par une foule de jeunes filles affolées par la présence du
groupe. Il fallut appeler la police pour ressortir. Ça m’a donné une idée de
l’ampleur de leur succès. Moi j’étais content, j’avais mes bottines...
Un vrai photographe, proche des artistes qu'il rencontrait ou fréquentais.
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